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Encodage utilisé (INPUT) : UTF-8
Forme recherchée : \W(([Aa]m.ricani[sz])|(εξαμερ[ίι]καν[ίι]σ)|([Aα]μερικανοπο[ίι]).*?)|([Aα]μερικανισμός)\W
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- Ligne n°1 : L';américanisation de la présidentielle - Libération
Ligne n°556 : ...- Ligne n°557 : L';américanisation de la présidentielle
Ligne n°630 : ...- Ligne n°631 : Il n'y a plus d'exception politique française. Jadis, la Ve République se distinguait orgueilleusement des autres démocraties occidentales. La France demeurait le bastion des passions idéologiques, le champ privilégié des grandes joutes électorales, le paradis des affrontements homériques et des ultimes illusions lyriques. La campagne présidentielle mobilisait toutes les attentions, battait tous les records de participation. C'était le grand tournoi initiatique d'une république présidentielle qu'il fallait conquérir comme le Graal du pouvoir. La France avait alors la religion de la politique. Tout cela est aujourd'hui révolu, caduc. La politique française se banalise, la campagne présidentielle s'américanise. Entamé depuis 1988 à l'issue de la première cohabitation cette négation de l'esprit gaullien , le phénomène s'accélère maintenant. Les grandes idéologies d'autrefois ont disparu en fumée. Il demeure certes une extrême gauche et une extrême droite, l'une et l'autre influentes et divisées. Elles se réclament de convictions et de valeurs contestant radicalement le modèle de société en vigueur. Le thème démagogique de la pensée unique travestit et schématise la réalité. Entre le libéralisme d'un Alain Madelin, le personnalisme social d'un François Bayrou, la synthèse chiraquienne, le social-réformisme de Lionel Jospin, le républicanisme bleu horizon de Jean-Pierre Chevènement, l'écologisme de Noël Mamère ou le postcommunisme de Robert Hue, difficile de ne discerner qu'une seule approche. Reste que le marxisme a cessé d'être une référence prestigieuse, que le libéralisme peine à s'enraciner et que si les principaux candidats s'opposent vigoureusement sur les modalités, ils incarnent tous des syncrétismes. En 1981, le virage se présentait à 90 degrés; en 2002, les tournants ne dépassent plus 15 ou 20 degrés. Comme aux Etats-Unis. De ce fait, la campagne se personnalise à l'extrême, caractère contre caractère, image contre image, profil contre profil. Les candidats présentent bien des propositions, voire dans quelques cas des projets. On retient leur virulence ou leur retenue, leur aisance ou leur maladresse, leur chaleur ou leur pudeur, au mieux leur compétence ou leur intégrité. A regarder de près la plupart des journaux, audiovisuels ou écrits, on jurerait qu'il s'agit d'un casting de la démocratie. Les plus chanceux et les mieux épaulés par de talentueux metteurs en scène peuvent espérer être ensuite nominés, puis l'un d'entre eux recevoir l'oscar du meilleur acteur du quinquennat. L'art de la politique flirte dangereusement avec les techniques de communication. Washington n'est pas loin, Hollywood se rapproche. Dans ces conditions, les partis politiques ne jouent plus qu'un rôle secondaire et épisodique. Ils ressemblent de plus en plus à des machines à sélectionner les candidats, à peupler les meetings, bref à fournir la claque. Ils sont à chaque fois dominés davantage par les écuries présidentielles. Le phénomène est certes plus marqué encore à droite qu'à gauche, il n'est absent nulle part. La réunion de l'Union en mouvement, samedi dernier, en constituait le point culminant mais le congrès d'intronisation de Lionel Jospin le lendemain à Paris n'en était pas exempt. Les partis politiques fournissaient jadis les troupes de combat des idéologies, ils deviennent la fanfare des candidats, comme aux Etats-Unis. A ce spectacle, les électeurs s'américanisent aussi: ils se comportent en citoyens intermittents, en téléspectateurs distraits. Sur la longue période, ils votent de moins en moins, se déterminent de plus en plus tard, selon des critères plus affectifs qu'idéologiques et plus personnels que sociologiques. Bienvenue en Amérique.
- Ligne n°631 : Il n'y a plus d'exception politique française. Jadis, la Ve République se distinguait orgueilleusement des autres démocraties occidentales. La France demeurait le bastion des passions idéologiques, le champ privilégié des grandes joutes électorales, le paradis des affrontements homériques et des ultimes illusions lyriques. La campagne présidentielle mobilisait toutes les attentions, battait tous les records de participation. C'était le grand tournoi initiatique d'une république présidentielle qu'il fallait conquérir comme le Graal du pouvoir. La France avait alors la religion de la politique. Tout cela est aujourd'hui révolu, caduc. La politique française se banalise, la campagne présidentielle s'américanise. Entamé depuis 1988 à l'issue de la première cohabitation cette négation de l'esprit gaullien , le phénomène s'accélère maintenant. Les grandes idéologies d'autrefois ont disparu en fumée. Il demeure certes une extrême gauche et une extrême droite, l'une et l'autre influentes et divisées. Elles se réclament de convictions et de valeurs contestant radicalement le modèle de société en vigueur. Le thème démagogique de la pensée unique travestit et schématise la réalité. Entre le libéralisme d'un Alain Madelin, le personnalisme social d'un François Bayrou, la synthèse chiraquienne, le social-réformisme de Lionel Jospin, le républicanisme bleu horizon de Jean-Pierre Chevènement, l'écologisme de Noël Mamère ou le postcommunisme de Robert Hue, difficile de ne discerner qu'une seule approche. Reste que le marxisme a cessé d'être une référence prestigieuse, que le libéralisme peine à s'enraciner et que si les principaux candidats s'opposent vigoureusement sur les modalités, ils incarnent tous des syncrétismes. En 1981, le virage se présentait à 90 degrés; en 2002, les tournants ne dépassent plus 15 ou 20 degrés. Comme aux Etats-Unis. De ce fait, la campagne se personnalise à l'extrême, caractère contre caractère, image contre image, profil contre profil. Les candidats présentent bien des propositions, voire dans quelques cas des projets. On retient leur virulence ou leur retenue, leur aisance ou leur maladresse, leur chaleur ou leur pudeur, au mieux leur compétence ou leur intégrité. A regarder de près la plupart des journaux, audiovisuels ou écrits, on jurerait qu'il s'agit d'un casting de la démocratie. Les plus chanceux et les mieux épaulés par de talentueux metteurs en scène peuvent espérer être ensuite nominés, puis l'un d'entre eux recevoir l'oscar du meilleur acteur du quinquennat. L'art de la politique flirte dangereusement avec les techniques de communication. Washington n'est pas loin, Hollywood se rapproche. Dans ces conditions, les partis politiques ne jouent plus qu'un rôle secondaire et épisodique. Ils ressemblent de plus en plus à des machines à sélectionner les candidats, à peupler les meetings, bref à fournir la claque. Ils sont à chaque fois dominés davantage par les écuries présidentielles. Le phénomène est certes plus marqué encore à droite qu'à gauche, il n'est absent nulle part. La réunion de l'Union en mouvement, samedi dernier, en constituait le point culminant mais le congrès d'intronisation de Lionel Jospin le lendemain à Paris n'en était pas exempt. Les partis politiques fournissaient jadis les troupes de combat des idéologies, ils deviennent la fanfare des candidats, comme aux Etats-Unis. A ce spectacle, les électeurs s'américanisent aussi: ils se comportent en citoyens intermittents, en téléspectateurs distraits. Sur la longue période, ils votent de moins en moins, se déterminent de plus en plus tard, selon des critères plus affectifs qu'idéologiques et plus personnels que sociologiques. Bienvenue en Amérique.