MARCHES ACTIONS

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Les fonds américains se taillent la part du lion dans l'indice CAC 40

Les Echos n° 21228 du 17 Juillet 2012 • page 23

Les fonds américains pèsent de plus en plus lourd dans l'indice vedette parisien. Ils représentent 31 % du poids des fonds internationaux dans le CAC 40, selon le baromètre FactSet-OpinionWay pour l'institut Pro-Actions et « Les Echos ». Les fonds français ont, eux, nettement baissé.

Le CAC 40 « s'américanise ». Les fonds américains sont, en effet, devenus les premiers fonds actionnaires de l'indice phare parisien, selon une étude réalisée par FactSet et OpinionWay pour l'institut Pro-Actions et « Les Echos » sur la détention des fonds ouverts dans les grands indices (voir méthodologie ci-dessous).

Les fonds américains pèsent, en effet, de plus en plus lourd : ils représentent désormais presque un tiers du total des fonds investis dans le CAC 40 (31 %), contre 29,8 % il y a un an et « seulement » 24 % à l'été 2008.

A contrario, la proportion de fonds français, qui étaient jusqu'alors en tête des fonds analysés, a nettement décru : passant de presque 34 % en juin 2011 à 28 % aujourd'hui. « Sur un an, la baisse des fonds ouverts analysés dans le CAC 40 a été de 190 milliards de dollars. Mais le repli a été bien plus fort du côté des fonds français (- 50 %) que des Américains (- 35 %), explique Olivier de Bellescize, responsable de la recherche sur les fonds chez FactSet. Et, si l'on prend en compte le recul de la capitalisation de l'indice et le repli de l'euro, on constate même un désinvestissement des fonds français contre une stabilité, voire une légère hausse des encours des fonds américains dans le CAC 40. »

Des raisons conjoncturelles
Parallèlement, le nombre de fonds actionnaires dans l'indice phare a baissé de 560. « La part des investisseurs hexagonaux a eu tendance à diminuer à la fois dans les actions et la dette française, ces dernières années. Le problème est que l'actionnariat étranger peut être moins stable en période de crise », appuie Jean-François Bay, directeur général de Morningstar France. Cela est lié à la baisse du nombre d'investisseurs particuliers sur les marchés, mais aussi et surtout au retrait des assureurs et, plus globalement, des investisseurs institutionnels. « Ils doivent faire face à une recrudescence des exigences réglementaires comme Solvency II si bien que l'investissement en actions a beaucoup diminué », reprend-il. La part des actions dans l'allocation des institutionnels français a ainsi été divisée par quatre en quatre ans (de plus de 20 % en 2007 à environ 5 % en 2011). « Mais il y a aussi des raisons conjoncturelles : avec la crise de la zone euro, les gérants sont sortis des actions européennes - et donc de la France -et des valeurs cycliques, très représentées dans le CAC 40 », reprend-il. La proportion des valeurs hexagonales dans les portefeuilles Actions Europe des fonds basés sur le Vieux Continent est, par exemple, passée de 17 % à 14 % en un an.

En outre, la montée en puissance des Américains est aussi due à leur volonté d'internationalisation. « Les fonds américains, notamment les fonds de pension, n'ont cessé de s'ouvrir au monde au cours de la dernière décennie. En plus, ce sont de très gros fonds pesant lourd, alors qu'il n'y a pas de grands fonds de pension à la française », souligne Pascal Quiry, coauteur du Vernimmen. Les fonds de pension américains représentent, en effet, une manne gigantesque : autour 11.000 milliards de dollars, selon Morningstar, sans commune mesure avec la capitalisation du CAC 40, qui est d'un peu plus de 700 milliards de dollars (587,3 milliards d'euros, précisément).

En même temps, le poids des fonds britanniques a augmenté dans le CAC 40 (de 10,6 % en juin 2011 à 11,4 % en juin 2011), tout comme - de façon plus marginale -celui des Allemands (de 4,2 % à 4,7 %), ce qui explique aussi la décrue en pourcentage des fonds français.

Mais le cas du CAC 40 n'est pas une exception en Europe continentale : depuis plusieurs années déjà, les fonds américains sont les premiers fonds actionnaires du DAX : ils détiennent 29,3 % des fonds de l'indice, largement devant les fonds nationaux (21,6 %).


MARINA ALCARAZ


 
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