Les primaires citoyennes ont incontestablement été le point d'orgue politique de l'année 2011. Pour la première fois en France, deux partis politiques - Parti socialiste et Radicaux de gauche - décidaient que leur candidat pour la présidentielle serait désigné par l'ensemble des citoyens souhaitant voter et non par leurs seuls militants. Le succès a été au rendez-vous : près de trois millions de votants ; plus de cinq millions de téléspectateurs pour suivre le dernier débat d'entre-deux tours opposant les deux finalistes Martine Aubry et François Hollande ; deux mois d'une présence médiatique inédite reléguant un temps dans l'ombre l'UMP, le parti présidentiel. Résultat : François Hollande, le candidat le plus consensuel, élu avec 56 % des suffrages, bénéficie d'une légitimité incontestable. « En quelque sorte, les primaires 2011 marquent la fin du Parti socialiste tel qu'il est né à Épinay en 1971, analyse Laurent Bouvet, professeur de science politique à l'IEP de Paris et à l'université Versailles-Saint-Quentin, avec un candidat choisi par l'extérieur et non plus l'intérieur du parti. »
Encadré par la « haute autorité »
Le succès de l'opération n'a pas échappé à la droite où des personnalités comme François Fillon et Jean-Pierre Raffarin ont admis que leur propre camp ferait bien de réfléchir à un mécanisme de primaires en 2017. La France serait alors proche du système américain tel qu'il est pratiqué par démocrates et républicains depuis 1912. Ainsi, le programme PS pour la présidentielle avait été voté par les militants dès mai 2011, avant la joute opposant les six candidats.
En outre, PS et PRG ont accordé aux candidats une somme égale pour mener campagne. Des règles du jeu étaient aussi fixées par une « haute autorité » pour empêcher le dénigrement et faciliter la grande réconciliation finale. En revanche, une chose est certaine, si en France le processus des primaires devait se pérenniser, l'existence et le fonctionnement des partis, au sens traditionnel du terme, seraient mis à mal au profit de véritables écuries présidentielles.
Jean-Christophe Chanut
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