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Barack Obama face au défi de l'anti-américanisme

Créé le 14-09-2012 à 14h50 - Mis à jour le 26-09-2012 à 14h47

La flambée de violence rappelle au président américain qu'après les espoirs qu'il avait suscité, la déception domine désormais dans le monde arabo-musulman.

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Des manifestants s'emparent du drapeau américain de l'ambassade du Caire, en Égypte, le 11 septembre. (AP Photo/Mohammed Abu Zaid)

Des manifestants s'emparent du drapeau américain de l'ambassade du Caire, en Égypte, le 11 septembre. (AP Photo/Mohammed Abu Zaid)
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L'attaque de l'ambassade américaine à Benghazi, berceau de la révolution libyenne, vient soudainement rappeler à Barack Obama qu'il reste fragile face au monde arabo-musulman. Il a suffit d'une vidéo, aussi médiocre soit-elle, pour raviver le sentiment anti-américain dans plusieurs pays. Un ambassadeur américain tué, des drapeaux des Etats-Unis brûlés en Egypte, des manifestations anti-américaines au Yémen, en Iran, en Irak, à Gaza, à Casablanca, à Tunis, à Khartoum... les images, fortes, rappellent la vague de colère suscitée par la publication de caricatures de Mahomet. C'était en 2005, c'était sous l'administration Bush. A l'époque, le président américain avait lancé sa "guerre contre le terrorisme", entraîné son pays dans deux guerres en Irak et en Afghanistan, avaient crispé les relations avec le monde arabe. A son arrivée au pouvoir, Barack Obama a rompu totalement avec la diplomatie erratique et va-t-en guerre de son prédécesseur. Il est parvenu à redorer l'image des Etats-Unis dans le monde. Malgré ses efforts, l'attaque contre l'ambassade américaine de Benghazi vient montrer que le déficit de confiance dans le monde musulman est tenace. Fruit de groupuscules minoritaires, d'extrémistes salafistes ou bien même d'un peuple arabe lui-aussi déçu, l'anti-américanisme n'a pas disparu. A moins de deux mois de l'élection américaine, la réaction de Barack Obama va être observée à la loupe.

Du discours du Caire aux révolutions arabes

Le discours du Caire, le 5 juin 2009, a constitué un événement majeur. En remettant au centre du débat le conflit israélo-palestinien et en tendant la main aux musulmans, le président américain fraîchement élu avait suscité l'espoir.

"Salam Alikoum", avait-il lancé, encouragé par les applaudissements de plusieurs milliers de personnes venues l'écouter. "Je suis venu ici au Caire en quête d'un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel", avait-il promis après avoir reconnu que "les mutations de grande envergure [...] ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l'Occident un élément hostile aux traditions de l'islam". Un constat amer qui trois ans plus tard résonne encore.

Si le président américain a soutenu les révoltes arabes en soutenant notamment l'intervention en Libye, la realpolitik a pris le pas, les actes n'ont pas suivis, l'état de grâce s'est achevé, la méfiance s'est creusée. Le think thank américain, Pew Research Center, a publié en juin dernier une étude montrant que la côte de popularité du prix Nobel de la paix 2009 dans les pays arabes avait chuté de neuf points entre 2009 et 2012. L'image des Etats-Unis ne s'en porte pas mieux : en 2009, ils étaient 25 % à avoir une opinion favorable du pays contre 15% en 2012.

La question israélo-palestinienne 

Première pierre d'achoppement, la volte-face de Washington sur la question israélo-palestinienne. Elle était l'une des priorités du président américain, décidé à son arrivée à imposer le gel des colonies de peuplement pour ré-engager le processus de paix israélo-palestinien. Face à l'inflexibilité de Benjamin Netanyahou, il a dû y renoncer. En 2010, à la tribune de l'ONU, Barack Obama promet aussi un Etat palestinien libre et souverain et évoque –chose rare- les frontières de 1967. Las, de mois en mois, le discours se fait moins osé et en septembre 2011, il s'oppose à la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'Onu sans négociations préalables.

Son quasi-silence aussi devant la répression au Bahreïn a laissé perplexe les observateurs. Mais c'est surtout les nombreux dérapages des troupes US en Afghanistan qui ont aussi entaché la présidence, sans pour autant que Barack Obama n'en soit responsable. Le 11 mars, un soldat a fait irruption dans plusieurs maisons de la province de Kandahar et a ouvert le feu sur ses habitants. Bilan: seize morts, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées. Certains témoins ont évoqué plusieurs soldats éméchés, riants... "La plus grave attaque intentionnelle sur des civils en dix ans de guerre", s'était indigné le "Washington Post".

Un dérapage qui n'a fait qu'accroître le sentiment anti-américain, désormais quasi-général en Afghanistan, et qui dépasse l'influence des talibans. Une vidéo amateur diffusée sur You tube, tournée lors d'une opération, qui montrait quatre hommes hilares en uniformes urinant sur trois corps, ou plus récemment, la destruction d'exemplaires du Coran, ont attisé la colère de la population.

Réaction mesurée

Face à ce défi, Barack Obama a choisi d'être mesuré dans ses propos malgré l'urgence électorale. Interrogé par la télévision Telemundo sur les rapports entre Washington et l'Egypte, Barack Obama est resté prudent. "Je ne pense pas que nous les considérions comme des alliés, mais nous ne les considérons pas comme des ennemis. Il s'agit d'un nouveau gouvernement qui essaie de trouver sa voie. Ils ont été élus démocratiquement", a-t-il expliqué.

A propos de l'aide économique américaine au Moyen-Orient, il a insisté : "Les Etats-Unis ne peuvent se retire des affaires du monde, nous sommes la seule nation indispensable. Les pays du monde entier se tournent vers nous pour le leadership. Même les pays où parfois nous rencontrons de la contestation. Il est donc important pour nous de rester présents."

Dans le contexte de la campagne électorale, Barack Obama sait qu'il a beaucoup à perdre à prendre des décisions trop rapidement. Un échec dans la gestion de cette crise pourrait ternir encore plus son bilan. Et certains observateurs n'hésitent pas à comparer la situation actuelle à la présidentielle de 1980 où Jimmy Carter avait été privé d'un second mandat, en partie attribué à la crise des otages américains à Téhéran.

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Enoch Lepetit

Enoch Lepetit a posté le 15-09-2012 à 12:41

Et pourquoi vous ne pensez pas à la thèse de la manipulation, la majorité silencieuse des musulmans n'a pas protesté devant les ambassades occidentales bien qu'elle condamne l'auteur du film, il est fort possible que les manifestants soient infiltrés et manipulés par des fidèles des ex ou actuelles dictatures arabes pour semer le caos et essayer de montrer au monde que le printemps arabe ca n'a pas marché

z z

z z a posté le 16-09-2012 à 08:40

Bien sûr on peut se rassurer comme vous semblez vouloir le faire en disant que la majorité est silencieuse et que ce que l'on voit, c'est sans profondeur, sans valeur.
Mais on peut vous contredire sur deux points : le printemps arabe est plus proche de la révolution iranienne que de 1917. Bien sûr on peut faire aussi comme en Algérie où l'Islam radical avait recueilli les suffrages de la majorité silencieuse et envoyer l'armée maison par maison extirper les manipulateurs (quelques centaines de milliers de morts..pas moins).
Il ne sert à rien de se "voiler" la face et de se pincer le nez.
Idem, pour la contestation anti-américaine. Obama fait ce que tout président US fait : il sécurise l'approvisionnement en pétrole de l'économie (qui est déjà mal en point et qui n'a pas besoin d'une crise du pétrole). Donc il intervient tous azimuts là où se trouve le pétrole. Point final : si on n'a pas cette "realpolitk " en tête on ne comprend pas l'interventionnisme US et les réactions inévitables des "civilisations" qui subit cette main-mise (avec tout le cortège d'acculturation, de corruption des pouvoirs locaux et des us et coutumes).

William Ewan

William Ewan a posté le 15-09-2012 à 11:00

@ Bruno (réponse à post de 10h04)

Toujours la tête dans le sable, à ce que je vois ....

Ce qui vous empêchera systématiquement d'appréhender le monde tel qu'il se présente. Afin de conforter je ne sais quel confort douillet personnel.

Oui, les moutons de Panurge que nous voyons actuellement s'agiter violemment du Maroc au Pakistan, en passant par le Soudan, peuvent se comparer à nos pastoureaux de 1320.

Peu de cervelle, beaucoup d'ignorance, et facilement manipulables car n'ayant eu pour seule éducation que le cadre d'un élevage en batterie dans des officines où seul un Livre eut l'heur d'emplir leurs cerveaux malléables. Exit les sciences humaines, exit le mouvement du monde vers l'ouverture à l’autre.

Nous en voyons le résultat aujourd'hui. Une masse brute à qui on a pas appris le libre arbitre. Une éructation réactionnaire au premier sens du terme.

Rappelons que si 48% des Égyptiens ont voté récemment pour les Frères musulmans, ils furent .... 25% (un chiffre dantesque au regard de la population de ce pays) à choisir les salafistes.

Continuez à mettre votre tête dans le sable, mon très cher Bruno.

C. Delyon

C. Delyon a posté le 15-09-2012 à 10:19

Je me marre!
Certains s'étonne que les USA soient détestés dans certaines parties du Monde!
Obama a eu une formule qui ressemble à un lapsus: Nous ne lâcheront pas le Monde".
http://www.instantcube.com/discernement/dollarhegemony-fra.htm
La fin de hégémonie du dollar ,prévue et prédite par un député américain.
Le plus tôt sera le mieux! :-))
Je précise que les ennemis de mes ennemis ne sont pas automatiquement mes amis.

marc kakon

marc kakon a posté le 15-09-2012 à 10:15

A quand un mea culpa des intellectuels et de certains journalistes ?

Comme pour le Communistes , le Maoïsme, le Castrisme, le Pol Potisme etc , ses pauvres naïfs se sont trompés et plus grave , ils ont trompés tant de personnes. Ils sautent à points joints d'une erreur à l'autre sans jamais se démonter.
S'ils connaissaient mieux les peuples arabes au lieu d'une petite minorité de ces pays qui ne représente rien. La preuve.
Les masses arabes sont religieuses , et ignorent la signification du mot " Démocratie" Ce qu'ils désirent, c'est du travail, manger, se soigner et éduquer leurs enfants,etc.
On nous a rebattu les oreilles avec le prétendu " Printemps arabe" pendant des mois pour finalement passer d'une dictature militaire à une dictature religieuse.
Les intellectuels et certains journalistes ont fait croire que les pays arabes ont fait mieux que les pays de l'Est, puisque en quelques mois ils sont passé de l'ombre à la lumière sans penser un seul instant que dans ses pays , il n'y a ni des Mandela, ni des Valav Havel, ni Lech Valesa , le vide à part les islamistes qui attendaient leur heure. Mais ce sont des intellectuels et des bons journalistes qui éclairent.

edouard soutoul

edouard soutoul a posté le 15-09-2012 à 10:28

cela correspond peut - être à la révolution russe et non à la révolution française encore que ....

William Ewan

William Ewan a posté le 15-09-2012 à 10:48

En aucune façon soutoul !

Les révolutions française et russe étaient anti cléricales.

Les révolutions "arabes" correspondent à ce que les marxistes nomment un phénomène réactionnaire.

Un "retour" à une sorte de plénitude basée sur la religion au sens basique du terme. Idéologie remplissant l'espace public de manière totalisante.

Bref, l'exact contraire d'une révolution.

L'exact contraire aussi du mouvement des peuples sur notre planète.

Un coup de pied de l’âne à la modernité et donc à l'altérité.

edouard soutoul

edouard soutoul a posté le 15-09-2012 à 11:32

les révolutions russe et française, avant d'être anti cléricales, visaient d'autres objectifs.
Ce que je voulais surtout souligner, c'est qu'il faut analyser les phénomènes révolutionnaires à l'aune de considérations locales certes, mais aussi en les replaçant dans l'Histoire des révolutions qu'a connu l'Humanité.
En ce qui concerne les réactions du monde arabe, les causes en sont multiples comme le souligne l'article par delà la production d'un film plus que provocateur. Elles tiennent, pour une part, à l'instantanéité ou presque des moyens de communication, mais aussi pour une plus grande part à des manipulateurs qui savent, au mieux, influencer les classes sociales les moins aisées et les plus nombreuses.
Enfin, il ne serait pas malvenu de ne pas négliger les causes économiques de cet embrasement.

z z

z z a posté le 15-09-2012 à 09:43

"Si le président américain a soutenu les révoltes arabes en soutenant notamment l'intervention en Libye, la realpolitik a pris le pas ..."
Le jour où cette phrase cessera d'avoir cours et sera remplacée par : "les Usa sont intervenus directement en Afghanistan, en Irak, en Libye et ont entretenus des révoltes en Syrie, en Iran" on cessera de croire et de faire croire à un "tournant" dans la tentative de contrôle des zones stratégiques qui est nécessairement celle des Usa et qu'on appelle en se pinçant le nez la "realpolitik".
Naturellement cette phrase s'adresse au "peuple" qui ne doit pas interférer dans cette realpolitik et continuer à croire qu'il regarde "Bonne nuit les petits".

nouphis arens

nouphis arens a posté le 15-09-2012 à 09:38

A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler....

M. Barack OBAMA est prix Nobel de la paix. On aimerait le voir prendre son bâton de pèlerin, accompagné de M. Fabius, pour prêcher la paix à travers le monde. A n'en pas douter le calme reviendrait partout.

Merci et bonne journée à tous
.

Alexandre Dumas

Alexandre Dumas a posté le 15-09-2012 à 10:23

Obama, Fabius, vous rajoutez Ribéry et vous avez le retour des rois mages !

edouard soutoul

edouard soutoul a posté le 15-09-2012 à 09:18

l'analyse des causes est plus que pertinente sauf à juger plus en profondeur le film incriminé qui n'est pas qu'une simple provocation aux yeux du monde arabe.
Une réponse mesurée d'Obama est inappropriée : il faut qu'il donne des gages de sa bonne foi à ce même monde arabe et ne manifeste pas son intérêt que pour des raisons géostratégiques.
Bien qu'en campagne, il doit prendre un risque si le déchainement se prolonge..