Beaucoup (trop ?) de choses ayant été déjà écrites sur cette affaire du bijoutier de Nice qui a tué d’une balle dans le dos un assaillant alors qu’il s’enfuyait de sa boutique, je voudrais prendre un peu de recul pour insister sur un certain nombre de points essentiels et passés pourtant sous silence :
1- Aux Etats-Unis, où l’achat légal d’armes est facile, et où beaucoup de commerçants en détiennent, la contrepartie est une sévérité extrême sur les conditions de leur usage : un tireur qui tue un gangster dans le dos est certain de se ramasser une lourde peine de prison (voir une condamnation à mort), ce tireur fût-il flic.
2- Quand on lit les arguments des vrais soutiens du bijoutier sur les commentaires de différents blogs, une chose saute aux yeux (dont ils ne sont peut-être pas conscients): ces gens regrettent l'abolition de la peine de mort, et estiment qu'il appartient aux particuliers de rétablir ce que le législateur a supprimé: ceux qui prennent la défense du bijoutier et approuvent l'abolition de la peine de mort ne doivent pas être nombreux - s'il y en a, ce dont je doute.
On est d'ailleurs frappé par leur façon de mentir sur ce que disent leurs contradicteurs : "Ils défendent les délinquants" était justement l'argument ressassé de tous temps par tous les adversaires de l'abolition de la peine de mort ("Que messieurs les assassins commencent", Alphonse Karr, 1808-1890) ; alors que tout le monde est d’accord pour penser que la peine de mort doit être préférable à un enfermement de quelques dizaines d’années dans nos « prisons cinq étoiles » que les condamnés du monde entier nous envient.
3- Le "laxisme socialiste" (ah, les automatismes verbaux tenant lieu de pensée...): j'ignorais que toutes les lois aujourd’hui en vigueur avait été votées par le PS, tout comme les soutiens du bijoutier ignorent que la loi Taubira sur la liberté probatoire pour les peines inférieurs à cinq ans n'est pas encore votée ni applicable, et ne concernera que les délits, pas les crimes: elle ne se serait donc pas appliquée, de toutes façons, aux deux braqueurs du bijoutier (un hold-up avec arme est un crime).
Par contre, dans cette affaire, le seul à avoir tué quelqu'un sans être en situation de légitime défense et à avoir été mis en examen pour homicide volontaire -le bijoutier- n'est pas écroué : ah, ce "laxisme socialiste" ! ! !
4 - Comme dans tout procès, ce bijoutier sera jugé en fonction des conditions particulières de son acte et des circonstances atténuantes que fera valoir son avocat (j’espère qu’il ne se verra pas appliquer une « peine-plancher » !) ; mais, quels que soient sa condamnation et son éventuel sursis, un acquittement pur et simple qui nierait l’homicide volontaire aurait deux conséquences prévisibles et difficilement évitables à l’avenir:
( Rappel: Les commentaires contraires à la loi, ceux contenant des injures ou des attaques personnelles, ou ceux hors sujet, ne sont pas acceptés.)
1- Aux Etats-Unis, où l’achat légal d’armes est facile, et où beaucoup de commerçants en détiennent, la contrepartie est une sévérité extrême sur les conditions de leur usage : un tireur qui tue un gangster dans le dos est certain de se ramasser une lourde peine de prison (voir une condamnation à mort), ce tireur fût-il flic.
2- Quand on lit les arguments des vrais soutiens du bijoutier sur les commentaires de différents blogs, une chose saute aux yeux (dont ils ne sont peut-être pas conscients): ces gens regrettent l'abolition de la peine de mort, et estiment qu'il appartient aux particuliers de rétablir ce que le législateur a supprimé: ceux qui prennent la défense du bijoutier et approuvent l'abolition de la peine de mort ne doivent pas être nombreux - s'il y en a, ce dont je doute.
On est d'ailleurs frappé par leur façon de mentir sur ce que disent leurs contradicteurs : "Ils défendent les délinquants" était justement l'argument ressassé de tous temps par tous les adversaires de l'abolition de la peine de mort ("Que messieurs les assassins commencent", Alphonse Karr, 1808-1890) ; alors que tout le monde est d’accord pour penser que la peine de mort doit être préférable à un enfermement de quelques dizaines d’années dans nos « prisons cinq étoiles » que les condamnés du monde entier nous envient.
3- Le "laxisme socialiste" (ah, les automatismes verbaux tenant lieu de pensée...): j'ignorais que toutes les lois aujourd’hui en vigueur avait été votées par le PS, tout comme les soutiens du bijoutier ignorent que la loi Taubira sur la liberté probatoire pour les peines inférieurs à cinq ans n'est pas encore votée ni applicable, et ne concernera que les délits, pas les crimes: elle ne se serait donc pas appliquée, de toutes façons, aux deux braqueurs du bijoutier (un hold-up avec arme est un crime).
Par contre, dans cette affaire, le seul à avoir tué quelqu'un sans être en situation de légitime défense et à avoir été mis en examen pour homicide volontaire -le bijoutier- n'est pas écroué : ah, ce "laxisme socialiste" ! ! !
4 - Comme dans tout procès, ce bijoutier sera jugé en fonction des conditions particulières de son acte et des circonstances atténuantes que fera valoir son avocat (j’espère qu’il ne se verra pas appliquer une « peine-plancher » !) ; mais, quels que soient sa condamnation et son éventuel sursis, un acquittement pur et simple qui nierait l’homicide volontaire aurait deux conséquences prévisibles et difficilement évitables à l’avenir:
- de futurs braqueurs commenceront par abattre le commerçant, par précaution ;
- un jour, un « commerçant-justicier », mal entraîné au tir comme ils le sont tous, cherchant à abattre un braqueur en fuite dans la rue, tuera par maladresse un gamin de retour de l’école passant par là ; comment régira alors l’opinion publique ? Une nouvelle pétition contre le droit des commerçants à être armés, et signée par les mêmes qui soutiennent aujourd'hui le bijoutier.
POST-SCRIPTUM RAJOUTE LE 17 SEPTEMBRE:
Merci à "Républicain" d'avoir, dans son commentaire, donné le lien (cliquer ICI ) de cet article de Me Eolas, aussi lumineux que complet du point de vue juridique.
Merci à "Républicain" d'avoir, dans son commentaire, donné le lien (cliquer ICI ) de cet article de Me Eolas, aussi lumineux que complet du point de vue juridique.