Avec notre correspodnant à Berlin, Pascal Thibaut
« Peut-on faire des affaires avec le sultan Erdogan ? » Le quotidien populaire Bild Zeitung résume de façon imagée les états d’âme avant le déplacement de Angela Merkel ce dimanche. La chancelière n’entretient pas les meilleures relations avec le président turc, mais elle est sous pression.
L’Allemagne est confrontée à une arrivée massive de réfugiés, dont beaucoup transitent par la Turquie. Angela Merkel ne cesse de répéter que la solution de ce problème ne consiste pas à ériger des frontières autour de l’Allemagne, mais à régler les problèmes dans la région.
En clair, une aide de l’Europe doit inciter les réfugiés à rester en Turquie en améliorant leur situation. Et Ankara doit prendre des mesures pour réduire leur départ vers cette même Europe. Angela Merkel doit faire face aux critiques de ceux qui dénoncent une visite en pleine campagne électorale turque, visite que le président Erdogan pourrait exploiter.
On s’interroge en Allemagne sur les compromis politiques que la chancelière fera pour séduire son interlocuteur :
- reconnaître la Turquie comme un pays sûr alors que la question kurde fait débat en Allemagne,
- accepter un allègement des visas pour les ressortissants turcs alors qu’une importante diaspora vit en Allemagne,
- ou relancer les négociations d’adhésion à l’Union européenne alors qu’Angela Merkel a toujours rejeté une telle perspective.