Selon que l’on choisit l’une ou l’autre des deux approches, la réponse varie. Cependant, de nos jours, un troisième larron est apparu, si on peut dire : une définition «cybernétique», qui inclut les «avancées de l’Intelligence Artificielle», et en particulier le développement des «puces "synaptiques"», dont l’emblème serait par exemple le projet Blue Brain («cerveau bleu»), basé à Lausanne, qui a pour objectif «la création d’un cerveau synthétique, réplique de l’architecture et des principes fonctionnels du cerveau vivant», et la «simulation de la vie». D’où une nouvelle question : «Où situer, entre vie biologique et vie symbolique, la vie artificielle ? -- La seconde est plus complexe, et a été réalisée lors du «passage du paradigme génétique au paradigme épigénétique au début du XXI^e siècle», autrement dit lorsqu’il est apparu qu’il n’y avait pas de «déterminisme génétique aveugle» et que le développement cérébral était en grande partie épigénétique, autrement dit que «l’habitude, l’expérience, l’éducation» jouaient un «rôle déterminant dans la formation et le destin des connexions neurones». Ce paradigme «affecte aussi l’Intelligence Artificielle», si bien qu’il est à présent possible de soutenir l’hypothèse d’«une identité de structure entre intelligence naturelle et machines "synaptiques"». Il est désuet de dire que le cerveau est un ordinateur : depuis, entre autres, la fabrication de «puces douées de plasticité, c’est-à-dire capables de se transformer», c’est l’ordinateur, dit Malabou - en reconnaissant avec une grande honnêteté qu’elle s’était «trompée» dans ses ouvrages précédents - qui est «une machine devenue cerveau, aussi évolutive et adaptative qu’une architecture neuronale».