Pour qui suit de près ses propos publics, ce n’est d’ailleurs pas une surprise, et l’affaire a tout du teasing millimétré. En juin 2016, lors d’une conférence organisée par le site d’actualité technologique Recode, Musk opposait au péril d’une intelligence artificielle vouée à nous transformer en «chats domestiques» ce qui, à ses yeux, constitue la parade : une «interface corticale directe» entre l’homme et la machine. Celui qui fait remonter son utopie martienne à la lecture du Guide du voyageur galactique empruntait alors aux romans de l’Ecossais Iain M. -- Quel crédit accorder à ces grandes menées ? Pour Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en intelligence artificielle au laboratoire informatique de Paris-VI et auteur du Mythe de la singularité, il faut surtout raison garder. Travailler sur les implants cérébraux peut «permettre d’améliorer un certain nombre de technologies médicales», relève-t-il - il rappelle que la neurostimulation pour les malades de Parkinson a été mise au point en France, à Grenoble. -- De quoi, paradoxalement, le rapprocher d’un Ray Kurzweil, le chantre de la «Singularité», ce moment où la machine dépasse son créateur. Ces dernières années, le patron de SpaceX avait pourtant défini l’intelligence artificielle comme «la menace la plus sérieuse pour la survie de la race humaine», prônant une «surveillance réglementaire», dans une tonalité pro-régulation qui n’est généralement pas le fort de la Valley. Ce qui ne l’a pas empêché d’investir dans la société britannique DeepMind, avant son rachat par Google et la victoire très médiatisée d’AlphaGo, le programme qui a battu le champion coréen de go Lee Sedol. Ou de cofonder OpenAI, une organisation à but non lucratif qui vise à développer une intelligence artificielle «open source», en libre accès. A lire aussi : A Palo Alto, au royaume des radieux Musk entend désormais contrer le pouvoir de la machine en y connectant l’homme, dans une logique, juge Jean-Gabriel Ganascia, de «pompier pyromane». «Avec l’intelligence artificielle, on convoque un démon», expliquait le milliardaire fin 2014 lors d’un symposium au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston. Avant de filer la métaphore : «Vous connaissez ces histoires, où il y a ce type, avec le pentagramme et l’eau bénite, et il est sûr qu’il peut contrôler le démon ?