? Menu Libération Connexion Abonnement Intelligence artificielle ? Vraiment ? -- la playlist du cahier musique de «Libé» 5 janvier 2018 à 15:02 Abonnement 100% numérique A partir de 1€ le premier mois Formule Intégrale Libération en version papier et numérique Èvénements Le Grand Paris bouge-t-il ? Mardi 6 février Voyage au cœur de l'IA Mercredi 24 janvier Travail : la réforme expliquée par les experts Vendredi 19 janvier La Boutique Unes en affiches Les unes cultes en tirage photo Relire Libé Commander des anciens numéros info / Libé des écrivains Intelligence artificielle ? Vraiment ? -- AFP La machine a battu l’homme quatre fois sur cinq au jeu de go, grâce à un système qui simule l’esprit humain plutôt qu’avec un «super calculateur». Pourtant cette «intelligence artificielle» est encore loin de pouvoir se faire passer pour une «intelligence humaine»… Fors l’honneur, tout est perdu ? AlphaGo (produit par DeepMind, une filiale de Google) ne se sera donc incliné qu’une fois, lors de la quatrième manche qui l’opposait à Lee Sedol, le grand maître coréen du jeu de Go. -- Ce n’est plus seulement la puissance de calcul qui fait la différence, ni la puissance de stockage des informations, mais bien plutôt la capacité à induire pertinemment des «chemins optimaux» dans le vaste arbre de décision des chemins possibles du jeu de go (on estime le nombre de ses «branches» à 10^170, c’est-à-dire 1 suivi de 17 zéros ! ) Peut-on dire pour autant que nous venons d’assister au triomphe de la machine sur l’homme, de l’intelligence artificielle sur l’intelligence humaine ? En dépit des coups de clairon médiatique que Google n’a - et n’aura plus encore dans les mois à venir - de cesse de pousser, coups de clairon qui ne relèvent que d’un plan marketing finalement assez standard (un coup de com habilement promu) et qui n’ont en conséquence pas grand-chose à voir avec les enjeux scientifiques de la confrontation homme-machine, il est tout à fait prématuré de conclure que le résultat inattendu de ce tournoi consacre un basculement épistémologique majeur. Depuis plus de cinquante ans, un nombre considérable de tests ont été élaborés qui visent à évaluer régulièrement cette intelligence artificielle en plein essor selon des protocoles et des modalités diverses. La très grande hétérogénéité de ces tests ne fait que mettre en évidence la nature plurielle et absolument désagrégée de ce que l’on appelle l’intelligence artificielle. Pour l’heure, il n’existe pas une intelligence synthétique de la machine mais une palette de compétences susceptibles d’être mises chacune, séquentiellement, en concurrence avec la compétence équivalente chez l’homme. -- Le test qui semble faire la quasi-unanimité chez les spécialistes, en cela qu’il se fonde justement sur une appréhension synthétique de l’intelligence, est celui conçu par Alan Turing en 1950. Alan Turing (l’homme qui a donné sa pomme croquée à Steve Jobs) est l’un des pionniers de l’intelligence artificielle. Il a très tôt pressenti la possible dérive du discours parascientifique à propos de l’inévitable et spectaculaire confrontation de la créature et de son créateur. -- Cette dimension, c’est l’aptitude sémantique à véhiculer du sens, à s’exprimer au moyen de règles partagées - ce que l’on appelle la syntaxe - permettant la communication entre deux individus quelconques. Force est de constater qu’AlphaGo n’est pas près encore de commenter son succès ni d’échanger ses impressions avec Lee Sedol… Plus généralement, ces tests d’évaluation - et celui de Turing n’échappe pas à la remarque - reposent implicitement sur l’idée que si une machine parvient à imiter la «conscience» (tout ce qui à nos yeux humains en traduit l’existence de façon cognitive : raisonnement, intuition, incertitude…) au point de leurrer à répétition celui qui l’observe, alors l’intelligence artificielle en jeu sera comparable à l’intelligence humaine. Mais il y a là une sorte d’exigence pour le moins discutable qui postule que l’imitation parfaite des conséquences d’un phénomène suffit logiquement à prouver l’existence du phénomène : si dans l’échange je ne suis pas capable de distinguer le comportement imité (la machine) du comportement original (l’humain), c’est que les deux comportements sont identiques. -- Une singularité est un point hypothétique de l’évolution humaine à partir duquel la civilisation est supposée connaître une croissance technologique d’un ordre tout à fait exceptionnel. Ce point, suggère Ray Kurzweil, pourrait être atteint dès lors qu’une intelligence artificielle, une machine, aura le pouvoir de produire elle-même une intelligence artificielle de rang supérieur… Où l’on comprend qu’AlphaGo devrait arrêter de jouer pour se consacrer à des choses plus sérieuses… Antoine Billot partager tweeter Vous êtes abonné à Libération Le journal d'aujourd'hui Offre 100% numérique: 1 € le premier mois Le journal du jour en exclusivité et le journal de demain avant tout le monde Voir les offres d’abonnement partager tweeter Aucun commentaire Dans le dossier «Livres» Cocon queer Entretien avec Régis Jauffret : «Mon empathie s’avère parfois excessive» Parce qu'ils étaient Juifs autre tour Vous êtes abonné à Libération Le journal d'aujourd'hui Offre 100% numérique: 1 € le premier mois Consultation illimitée sur tous les supports Voir les offres d’abonnement Un mot à ajouter ? Quantcast