«C’est un grand jour pour l’humanité. L’intelligence artificielle va rendre les hommes plus intelligents et le monde meilleur. » Sous le crépitement des flashs des photographes, le président exécutif de Google, Eric Schmidt, a sorti le grand jeu. -- En développant le premier algorithme capable de battre un joueur professionnel à jeu égal (c’est-à-dire sans handicap), l’entreprise DeepMind a créé la surprise, coiffant au poteau ses concurrents, parmi lesquels Facebook. Avec ce pas de géant, les ingénieurs informaticiens de chez Google ont amené l’intelligence artificielle à un niveau jamais égalé : «Flexible, adaptative, inventive, elle est capable d’apprendre à partir de données brutes», commente sobrement Demis Hassabis, cofondateur de DeepMind. … contre l’humain Lee Sedol, prodige de 32 ans à la voix anormalement haut perchée après des problèmes de santé apparus à l’adolescence, semble avoir été prédestiné pour jouer au go. -- Mais les enjeux dépassent largement le cadre sportif. Même si AlphaGo ne remportait qu’une seule manche, l’événement serait historique en matière d’intelligence artificielle. Et Google ne compte par s’arrêter là : «Les jeux, que ce soit le go ou les jeux vidéo, constituent pour nous un terrain d’entraînement idéal pour nos algorithmes d’intelligence artificielle. Ces derniers visent, à terme, à s’appliquer au quotidien, aux domaines de la santé, de la robotique ou des objets intelligents. -- Une perspective qui ne va pas sans soulever des inquiétudes, même dans une Corée friande de nouvelles technologies. Google, qui assure que l’intelligence artificielle est «à des décennies» d’atteindre la fameuse «singularité» en dépassant l’intelligence humaine, estime qu’il reviendra à la société «d’utiliser ces technologies avec responsabilité». D’ici là, précise Hassabis, il faudra voir s’il existe une limite au développement d’AlphaGo.