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Intelligence artificielle : Facebook ouvre un centre de recherche à Paris

Intelligence artificielle : Facebook ouvre un centre de recherche à Paris
Le casque de réalité virtuelle Oculus Rift et l'intelligence artificielle, priorité de Facebook dans la recherche. Eric Risberg/AP

VIDÉO - Le groupe Internet américain va déployer une équipe de chercheurs sur les sujets de l'intelligence artificielle, un des champs de recherche privilégié des géants du Web.

Facebook voit plus grand pour la France. Le groupe Internet américain a annoncé mardi l'ouverture à Paris d'un centre de recherche consacré à l'intelligence artificielle. Il emploiera à terme de 25 à 30 chercheurs, placés sous la direction de Yann LeCun. Ce Français, professeur à la New York University et sommité de l'intelligence artificielle, a rejoint Facebook en décembre 2013 pour superviser la recherche dans ce domaine.

Six personnes ont d'ores et déjà été recrutées pour le bureau parisien. L'équipe dédiée à l'intelligence artificielle chez Facebook comptait jusqu'alors une quarantaine de chercheurs, répartis entre deux bureaux à Menlo Park, au siège du réseau social, et à New York. Parmi eux figurent déjà un grand nombre de Français. Les universités et grandes écoles françaises sont connues pour former des chercheurs de premier plan en intelligence artificielle. Une des dernières recrues est Léon Bottou, diplômé de l'école Polytechnique en 1987, ancien de Microsoft Research. «Nous avons choisi Paris pour notre centre européen en raison de la concentration de talents en recherche informatique et en intelligence artificielle», affirme Yann LeCun. Un accord avec l'Inria est en préparation.

La détection d'un sport par intelligence artificielle.
La détection d'un sport par intelligence artificielle.

«Apprentissage en profondeur»

La recherche sur l'intelligence artificielle est devenue une priorité pour Facebook, en particulier dans l'apprentissage en profondeur («deep learning»), procédé grâce auquel les machines peuvent apprendre d'elles-mêmes. Cela lui permet d'améliorer sa connaissance des textes et des images qu'il traite, pour mieux les organiser dans son flux d'actualités. Depuis peu, le réseau social peut reconnaître automatiquement un type de sport dans une vidéo, parmi 487 catégories. L'intelligence artificielle est à l'œuvre dans les outils de détection du spam et des contenus violents. Elle permet aussi d'améliorer les systèmes de reconnaissance vocale et les discussions avec les machines en langage naturel.

Ces travaux sont coûteux en moyens humains et financiers. Facebook a augmenté nettement ses dépenses en recherche et développement. Elles ont dépassé le milliard de dollars au premier trimestre de l'année, soit près du tiers de son chiffre d'affaires. Le coût est justifié, selon Mark Zuckerberg. L'intelligence artificielle, tout comme le rachat pour 2 milliards de dollars en 2014 d'Oculus, la société qui travaille sur un casque de réalité virtuelle, doit permettre «de créer une nouvelle génération de services Internet plus utiles, plus intuitifs et plus immersifs», disait le PDG et fondateur du réseau social en avril.

Yann LeCun, chercheur chez Facebook
Yann LeCun, chercheur chez Facebook

Compétition internationale

Facebook est pressé car il n'est pas seul. Les groupes high-tech se livrent depuis quelques mois à une compétition féroce. Google, Microsoft, Amazon, Baidu, Alibaba et même Snapchat cherchent eux aussi à tirer profit de la masse de données qui transitent par leurs réseaux. Ils ont ouvert des unités de recherche sur l'intelligence artificielle, et se disputent les meilleurs chercheurs. «Nous avons embauché tous les gens avec un peu d'expertise, il faut attendre maintenant la prochaine génération de chercheurs», explique Yann LeCun.

À côté d'eux, de nombreuses start-up ont éclos. Quelque 300 millions de dollars ont été investis dans ce domaine aux États-Unis par les fonds d'investissement l'an dernier, selon le décompte de Bloomberg, plus du triple de l'année passée. Mais là aussi, les sociétés qui réussissent deviennent rapidement des proies. Facebook a acheté en janvier la start-up de reconnaissance vocale Wit.ai, fondée par des Français. Google a mis la main sur le britannique DeepMind Technologies, un an plus tôt. Leurs plans à long terme sont encore mystérieux. L'objectif serait que les machines puissent apprendre par elles-mêmes, de manière similaire aux humains et aux animaux.

Implantation française

L'ouverture du centre de recherche de Facebook à Paris marque une étape importante dans l'implantation du réseau social en France. La société américaine, comme les autres groupes Internet, s'est d'abord développée autour de fonctions commerciales et comptait jusqu'alors une trentaine de salariés parisiens. Un chiffre faible, au regard de son activité. Ce centre de recherche est également un moyen de montrer qu'il s'implique davantage dans le pays, comme Google l'avait fait en ouvrant fin 2013 à Paris son centre culturel, unique au monde. Ce dernier emploie 25 personnes, le quart des ingénieurs que compte Google en France.

La France est devenue une destination privilégiée pour l'ouverture de centres de recherche des grands groupes technologiques. Cela s'explique par la qualité des chercheurs, par les salaires plus faibles que dans la Silicon Valley, et par des dispositifs d'aide, comme le crédit d'impôt recherche, une aide destinée à favoriser la recherche et développement dans le pays. En fin d'année dernière, le chinois Huawei a ouvert centre de recherche qui emploiera une trentaine de personnes dès cette année. Intel a annoncé la création de son premier centre européen consacré au «Big Data». Google, en délicatesse avec le fisc sur le montant des impôts dont il s'acquitte en France, n'a jamais recouru à ces aides. Facebook n'écarte pas d'y faire appel un jour, mais souligne que sa présence en France tient avant tout aux talents qui s'y trouvent.



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30 commentaires
  • neurone_

    ... donc grosso modo, le crédit impot recherche sert le financer les futurs applications des géants américains qui ne paient pas d'impots en France, c'est ca ?

  • BABYLONE2015

    Sans remettre en cause la valeur des ingénieurs Français et des écoles qui les forment, la réelle motivation ne se situe t elle pas tout simplement dans le CREDIT D IMPOT RECHERCHES. FCB consacre 1 millard/an dans la recherche. De cette manière, une partie lui sera restituée .Pour 1 fois, c'est la fiscalité qui attire. Un bon moyen de financer la recherche des entreprises étrangères.

  • Bentiens

    Un centre sur une intelligence artificielle toute entière consacrée à espionner les citoyens-consommateurs afin de toujours mieux cibler les publicités ?
    Elle saura avant vous ce que vous désirez acheter, même plus besoin de vous demander votre avis...

  • Raymond LEPUY

    On a déjà les goûts artificiels "les colorants alimentaires".

  • guidon15

    quelques ordres de grandeur: le cerveau comprend environ 100 Milliards de neurones et 1000000 Milliards de synapses. une puce au silicium de 16 millions de neurones et 4 Milliards de synapses a déjà été produite en 2014 soit seulement des facteurs 6250 et 250000 par rapport au cerveau.

    on parviendra donc dans un avenir proche à reproduire un cerveau artificiel complet.

  • guidon15

    élevez un peu le débat et renseignez vous sur ce qui se fait en la matière avant d'écrire vos sarcasmes.

  • pierre T

    Qu'elle sera la compagnie qui sortira un produit phare de toutes ses recherches?
    L'avenir nous le dira. Il est tres facile de s'egarer dans ce genre de recherche si il n'y a d'objectifs de development bien identifiés et un creneau porteur. La vision virtuellel me semble quelque chose qui peut revolutioner notre approche avec l'informatique. Microsoft sort un produit Lunettes cette année qui aura ses limitations en terme de hardware (typique pour Microsoft). On verra les reactions du publique a Noel.

    La société qui aura reussi a sortir un produit extrement performant et facilement utilisable par tous deviendra le leader pour un bon moment si comme pour les Iphones les applications sont disponibles.
    L'intelligence artificielle dans les applications, on aimerait voir cela, pour l'instant c'est de l'intelligence invisible.

  • DédéMartinique

    Pour compléter le maquillage on utilisera l'intelligence artificielle .

  • Gigido

    Pour l'intelligence artificielle je ne sais pas si la France est top mais on a quelques exemples de betises réelles si il veulent.

  • lesgaules

    Une chose est sûre ils n'en trouveront pas a l'E.N.A, quand on voit ou en est la France grâce a nos politicards.

  • photographe

    Ne serait-il pas possible de faire bénéficier de ces recherches ceux (celles) qui s'obstinent autour de la pastille verte ?

  • Adrien Hublain

    En l'occurrence la photo n'a rien à voir avec l'intelligence artificielle mais plutôt avec l'oculus.

  • LibertyOfHumans

    Les mecs, ils n'ont pas 1 gramme d'intelligence réelle, ils en cherche de la virtuelle...

  • nbanb1

    Beaucoup de centre R&D s'ouvrent en France. Ce sont peu d'emplois mais a très haute valeur ajoutée. Reste a savoir si ces investissements peuvent aussi aboutir a des centres de production.

  • Stopit

    Pas besoin de faire des recherches. Restez sur facebook quelques années et vous devenez complètement artificiel.

  • IAN COKESTAR

    C'est sûr qu'à Paris, ils ne vont pas trouver beaucoup d'intelligence naturelle !

  • Jean Raoul du Câble

    L'incubateur devrait s'implanter à l'ENA !
    Non pas, parce qu'il y des talents dans cette école mais pour ce que l'intelligence artificielle pourrait apporter à ces futurs fonctionnaires, qui n'ont encore jamais brillé par leur intelligence mais uniquement par leur forte propension à parler la Novlangue.

  • Antoine Lardon

    Implanter l'intelligence artificielle en France...
    Là, vous nous cherchez...

  • Golan TREVIZE

    Je ne comprends pas. Ce matin encore le MEDEF et sa pleureuse professionnelle, dans son long chantage, Geoffroy Roux de Bézieux, indiquait que les charges sont encore trop élevées pour les entreprises... Mais on me murmure que la France aurait d'autres atouts (qui se paient) et que des entreprises étrangères non affiliées au MEDEF seraient en train d'en profiter. Je caricature un peu bien sûr mais si le MEDEF et les entreprises qui lui sont affiliées pouvaient cesser ce chantage et cette dramatisation permanents et aller enfin de l'avant, en investissant pour leur futur et en regardant aussi les formidables atouts dont notre pays dispose.

  • mazardeux

    Le fond de pension américain qui ne paie pas d'impôts en France va pouvoir faire des recherches en France grâce aux aides de l'état, et au crédit d'impôt recherche et développement quant on peut pourquoi se priver. On me dira que un crédit d'impôt encore faut-il payer des impôts exact sauf que Bruxelles en a marre du Luxembourg qui est un paradis fiscal pour les entreprises américaines et donc il faut prévoir.C'est honteux, mais Amazon fait de même alors...