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    Sarah Connor ?

    Chez Total, les robots autonomes entrent dans l'arène

    Par Sylvain Labaune
    Le robot développé par la team Vikings à l'épreuve de l'escalier.
    Le robot développé par la team Vikings à l'épreuve de l'escalier. Photo Laurent Pascal

    Le groupe pétrolier organise cette semaine une compétition pour choisir un modèle de robot capable de remplacer l’homme dans certaines tâches fastidieuses et dangereuses sur ses plateformes.

    Ils remplaceront l’homme dans un futur proche. Mais pour l’instant, c’est loin d’être gagné. Les robots qui s’affrontent cette semaine près de Pau sont une ébauche de ce que pourra bientôt accomplir l’intelligence artificielle dans le secteur de l’industrie.

    Le «Challenge Argos» est organisé par Total dans un ancien site industriel situé sur la commune de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Cinq équipes d’ingénieurs issues de différents pays – ayant chacune développé un robot – concourent sur plusieurs manches du 14 au 17 mars. Les épreuves se déroulent dans une unité de forage reconstituée. Une plateforme pétrolière ou gazière offshore a été grossièrement reproduite à l’aide d’échafaudages et de structures métalliques. Au milieu de ce décor de bric et de broc, les robots s’engagent chacun leur tour sur un parcours tracé.

    C’est lent, très lent

    Les machines sont jugées sur leurs facultés à se déplacer de façon autonome dans les coursives, à franchir des obstacles, à monter et descendre des escaliers. Mais aussi sur leurs capacités à accomplir des missions de contrôle simple, comme relever les données d’un instrument de mesure ou détecter des fuites de gaz.

    On ne va pas se cacher, le spectacle n’est pas des plus impressionnants, bien loin des images de batailles rangées dans des arènes qui peuvent venir à l’esprit lorsque nous parviennent aux oreilles les mots «compétition de robots». Les machines en lice cette semaine sont lentes, extrêmement lentes. Elles avancent centimètre par centimètre et s’arrêtent pendant de longues minutes avant de franchir un obstacle ou de s’orienter dans la bonne direction. Certaines trébuchent lorsqu’elles rencontrent des graviers ou repartent en arrière en tentant de monter les escaliers. On a le sentiment d’assister aux balbutiements de l’intelligence artificielle et c’en est presque émouvant.

    Développement d’une intelligence artificielle

    La représentation n’est certes pas très sexy, mais ce que réalisent les ingénieurs qui participent du Challenge Argos est un exploit dans le monde de la robotique. Les technologies développées sont à la pointe de la recherche en matière d’intelligence artificielle. Les robots se déplacent et interagissent de manière autonome avec leur environnement. Les équipes n’interviennent pas pendant les épreuves et se contentent d’observer le comportement de leur poulain mécanique via des caméras installées dans des hangars adjacents. 

    Tout l’enjeu est de savoir si le robot est capable de gérer des imprévus rencontrés sur le parcours (secrètement décidés avant chaque épreuve par le jury). Cela peut prendre la forme d’obstacles, d’alertes de mise à l’abri, ou encore d’un manomètre qui aurait été changé de place. «Nous jugeons de la capacité de l’intelligence artificielle à résoudre ces problèmes», explique Sylvie Duflot, responsable en recherche et développement chez Total.

    Car, jusqu’à présent, les robots industriels testés dans les usines ou les entrepôts se contentent de suivre un parcours et des missions pour lesquels ils ont préalablement été programmés. «Le but est qu’à terme les opérateurs humains soient libérés des tâches dangereuses et de dégager du temps pour des travaux à plus forte valeur ajoutée», poursuit la responsable.

    «Identifier le robot avec le meilleur potentiel d’évolution»

    L’équipe d’ingénieurs qui remportera le concours se verra remettre une enveloppe de 500 000 euros, ainsi qu’un contrat d’exclusivité d’une durée de cinq ans avec Total en vue du développement d’un robot autonome sur les sites d’extractions offshore du groupe. Les résultats seront connus le 11 mai. «Les épreuves de la compétition ne sont finalement qu’un prétexte pour identifier le robot avec le meilleur potentiel d’évolution vers ce dont nous avons besoin», commente Kris Kydd, chef du projet du Challenge Argos, sans toutefois donner plus de précisions sur le calendrier de développement. «Après le concours, un test pilote va se dérouler sur nos sites avec des tâches d’inspections beaucoup plus complexes. Si les résultats sont concluants, nous produirons un modèle de robot à partir de celui réalisé par le lauréat. Le but absolu étant que les machines soient entièrement autonomes d’ici quelques années.»

    Le Challenge Argos est donc un appel d’offres déguisé. Pour les équipes participantes, les enjeux sont énormes. «Si nous gagnons la compétition, nous pourrons créer une start-up en vue d’une commercialisation de notre technologie», explique Xavier Savatier, coordinateur de la team Vikings, seule équipe française du Challenge Argos. Le projet Vikings est le résultat d’une coopération entre la PME Sominex (spécialisée dans l’ingénierie mécanique) et l’école d’ingénieurs normande ESIGELEC. Le robot conçu par les Français est équipé de chenilles avec stabilisateurs pour le franchissement des obstacles et la montée de marches. Il se localise de manière autonome grâce à des lasers 3D et de nombreux capteurs, dont une caméra thermique.

    Chenilles et petit chien

    Sans entrer dans les détails techniques, les concurrents de Vikings sont eux aussi équipés de chenilles et de lecteurs laser. Seul le robot Lio - conçu par une équipe suisse - possède quatre pattes en carbone qui lui donnent des allures de petit chien.

    La technologie développée dans le cadre du Challenge Argos dépasse largement le domaine de la robotique industrielle. Les progrès réalisés en matière de télédétection (localisation via des caméras et capteurs) peuvent servir pour le développement de voitures «sans conducteurs». Le laser utilisé par le robot Vikings est d’ailleurs à la base une version simplifiée puis améliorée de celui de la Google Car.

    Pendant la compétition, difficile de miser sur un robot plutôt qu’un autre, tant l’analyse des prestations est un exercice réservé aux initiés et autres experts en robotique. Le spectateur lambda n’y verra que lenteur, signaux lumineux rouge-vert-bleu et avancées à tâtons. On ne se risquera donc pas à un pronostic. Pour connaître le nom du gagnant, rendez-vous le 11 mai.

    Sylvain Labaune
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