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    Homo numericus

    L'automatisation, «processus darwinien» et objet de fantasmes

    Par Christophe Alix
    Uberisation et automatisation font leur entrée dans les programmes politiques et les esprits des chercheurs.
    Uberisation et automatisation font leur entrée dans les programmes politiques et les esprits des chercheurs. Photo REUTERS

    Les premières Assises de l'uberisation du travail ont tenté de cerner un phénomène dont commencent à s'emparer les politiques à l'instar de Benoît Hamon. Pas simple.

    Depuis que Benoît Hamon a lancé la thématique d’une «raréfaction du travail» et son idée de taxer les robots afin d’atténuer les dégâts de l’automatisation des emplois sur les finances publiques, la question de l’uberisation du travail est le sujet qui monte dans le débat politique.

    Autant dire que les Assises de l’uberisation qui se tiennent mercredi matin au sous-sol de l’Assemblée nationale tombent à point nommé. Organisée par l’Observatoire de l’uberisation qui regroupe entrepreneurs, chercheurs et élus comme le député socialiste Laurent Grandguillaume qui vient de faire passer une loi sur la régulation du secteur des taxis et VTC, la réunion doit se tenir à «l’immeuble Jacques Chaban-Delmas» – situé au 101 rue de l’Université en face l’hémicycle – dans la grande salle de conférences réservée pour l’occasion. 

    1,49 million d’emplois «très exposés»

    Mais avec le plan Vigipirate et l’état d’urgence, voilà que les règles de l’Assemblée exigent, y compris pour les journalistes habitués de la salle des quatre colonnes, de fournir les noms et dates de naissance, de l’ensemble des participants 72 heures à l’avance. L’organisateur du colloque et la plupart des intervenants inscrits au programme se retrouvent bloqués à l’entrée. Il faut improviser. Ce sera au sous-sol du Bourbon, le café d’en face, où une trentaine de participants seulement sur les 200 inscrits trouvent finalement une place pour assister à l’événement en mode «Jour debout». 

    Alors qu’un tout récent rapport du conseil d’orientation de l’emploi fait état de 1,49 million d’emplois «très exposés» aux mutations technologiques et risquant de rapidement disparaître, les participants ont tenté d’appréhender un phénomène encore mal connu et objet de tous les fantasmes.«Ce à quoi on assiste est bien un processus darwinien qui va bouleverser la vie d’homo numericus au travail , a expliqué le paléoanthropologue et membre du Collège de France Pascal Picq. La question n’est pas de savoir si nous pourrons freiner cette uberisation synonyme de disparition des emplois mais celle de la capacité des hommes à pouvoir maintenir une relation maîtrisée avec ces machines en gardant le contrôle.»

    Pour cet adepte de Schumpeter et de sa théorie de la «destruction créatrice», «des mutations tout aussi radicales ont déjà eu lieu par le passé» mais il juge «peu probable» que le solde des emplois détruits puisse un jour être compensé par les nouveaux métiers auxquels donnent naissance la révolution numérique et l’intelligence artificielle.

    «La spontanéité humaine est difficile à reproduire»

    Face à ce «déluge» technologique, le chercheur met en avant le paradoxe de Moravec, du nom de ce chercheur de l’institut de robotique de Carnegie Mellon de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Ce futurologue estime que les raisonnements de très haut niveau (mathématiques, logique, planification, jeux, etc.) sont beaucoup plus faciles à reproduire et à simuler par des robots et algorithmes que les aptitudes sensorimotrices humaines comme le fait d’évaluer les motivations et les émotions d’autres individus.

    «Certains types de jugement sont très difficiles à émuler», lui répond en écho l’économiste Julien Muresianu, fondateur de la start-up d’intelligence artificielle Jalgos, qui s’est fixé pour mission de promouvoir un «big data positif». «En radiologie, les algorithmes sont déjà plus performants que les meilleurs des radiologues, explique-t-il. L’impact des technologies sur l’emploi sera très différent selon les secteurs et les métiers et c’est ce qui rend toute prévision très complexe. Les développements de l’intelligence artificielle n’ont pas de limite mais la créativité et la spontanéité humaine sont les plus difficiles à reproduire».

    D’où l’étonnant parti pris de Nicolas Sadirac, le directeur de l’école d’informatique 42 financée par le PDG de Free Xavier Niel, d’apprendre aux élèves «à travailler avec de l’information sans l’acquérir. Celui qui sait est en danger dans une discipline comme l’informatique, conclut-il. Il ne fait que reproduire de la connaissance alors qu’il s’agit d’un art et de création dans un environnement incertain où tout change tout le temps». Bienvenue dans l’enfer de la disruption permanente et bonne chance.

    Christophe Alix
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