En fin de mandat, le gouvernement dessine une feuille de route pour l’intelligence artificielle
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Économie

En fin de mandat, le gouvernement dessine une feuille de route pour l’intelligence artificielle

La stratégie « France IA » est présentée, mardi, avec l’objectif de faire de la France le leader européen en la matière. Un investissement chiffré à 1,5 milliard d’euros sur dix ans.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Christophe Sirugue , le secrétaire d’Etat à l’industrie,  visite la plate-forme logistique du groupe IDEA, le 20 mars.

En héritant, le 27 février, du secrétariat d’Etat chargé du numérique et de l’innovation, délaissé par Axelle Lemaire – partie rejoindre l’équipe de campagne du candidat socialiste Benoît Hamon –, Christophe Sirugue ne se faisait pas d’illusion. A moins de deux mois du premier tour d’une élection présidentielle, le secrétaire d’Etat à l’industrie n’allait pas pouvoir ouvrir de nouveaux chantiers. Dès lors, il se fait fort de finaliser les actions entreprises précédemment.

Cela se concrétise par la présentation, mardi 21 mars, de la stratégie « France IA », fruit des réflexions menées depuis le 20 janvier par une dizaine de groupes de travail mêlant chercheurs, entrepreneurs et universitaires. L’un des membres, Rand Hindi, cofondateur de Snips, assure toutefois qu’aucune proposition ne leur a été soufflée par l’exécutif… Il en ressort une cinquantaine de recommandations pour permettre à la France de devenir un acteur de premier plan en matière d’intelligence artificielle.

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M. Sirugue distingue trois priorités. La première porte sur l’effort financier que devrait consentir l’Etat pour relever ce défi. Chiffré à 1,5 milliard d’euros sur les dix prochaines années, cet investissement – qui ne relèvera cependant pas de ce gouvernement – est qualifié de « raisonnable » et « jouable » par le secrétaire d’Etat chargé du numérique. Il se concentrerait en particulier sur le financement de la recherche et une meilleure articulation avec le secteur industriel.

M. Sirugue défend également le principe du développement de filières fortes. Si les secteurs de l’automobile, avec les travaux sur le véhicule autonome, ou de la santé sont déjà très mobilisés sur le sujet, le rapport souligne que d’autres tardent à s’en saisir. Le document cite les domaines de la sécurité, de la maison connectée, de la finance ou de l’assurance qui « présentent des enjeux importants sur le plan économique ou pour la souveraineté nationale ».

Programme ambitieux

Enfin, alors que les algorithmes d’intelligence artificielle sont appelés à traiter une masse de données toujours plus grande, M. Sirugue estime que la France doit adopter « un modèle de développement qui lui soit propre », vigilant en matière de protection de ces données personnelles : « Il y a des responsabilités de l’Etat qui ne doivent pas être diluées, comme la sécurité du traitement des données ou la souveraineté. Sauf à imaginer, comme dans certains autres pays, que de grandes puissances privées aient la main là dessus… »

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Alors que les auteurs du rapport estiment que la France doit faire de son ambition de « leadership européen » « un facteur d’attractivité », se devine, entre les lignes, l’espoir de profiter des incertitudes liées au Brexit pour arracher à Londres son statut de capitale européenne de l’intelligence artificielle. « On est lucide sur l’environnement international. Donc je n’ai pas d’état d’âme à dire que la France doit s’organiser pour pouvoir offrir l’environnement d’accueil des start-up le plus attractif possible », convient M. Sirugue.

Ce programme ambitieux pourrait-il être remisé aux oubliettes à la faveur des échéances électorales ? Le secrétaire d’Etat chargé du numérique refuse de le croire : « Je n’imagine pas que les prochains gouvernements passent à côté de cet enjeu majeur. » Le président François Hollande, a décidé, lui, de mettre en œuvre dès 2017 certaines de ces recommandations dont un appel à projets pour des plates-formes sectorielles de partage de données, et l’inclusion systématique de l’IA dans les priorités des dispositifs de soutien à l’innovation. Les crédits européens seront aussi sollicités.