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    Auteurs et cinéastes en défricheurs

    Par Frédérique Roussel
    L'œil de l'ordinateur Hal, dans «2001, l'odyssée de l'espace», de Stanley Kubrick.
    L'œil de l'ordinateur Hal, dans «2001, l'odyssée de l'espace», de Stanley Kubrick. Photo Kobal. Picture Desk. AFP.

    De Karel Čapek à Stanley Kubrick en passant par Fritz Lang, l’idée d’une intelligence artificielle fascine et effraye.

    La victoire d’AlphaGo sur un champion mondial de go concentre tous les ingrédients qui font triper l’imaginaire depuis des lustres. La machine, l’humain, le duel entre les deux, l’intelligence qui surpasse son créateur après avoir été à son service. L’étape suivante dans l’extrapolation, la machine qui prend le pouvoir sur son inventeur, a été popularisée par 2001, l’Odyssée de l’espace (1968), imaginé et réalisé par Athur C. Clarke et Stanley Kubrick. L’intelligence artificielle Hal 9000, conçue pour les protéger, finit par s’attaquer aux humains. La fiction a bien sûr imaginé le pire. Entre l’imagination et la réalité, il y a quelques encablures.

    La notion de machine intelligente peut se concevoir comme un robot ou un automate, souvent anthropomorphe, qui faisait déjà vibrer l’Antiquité. Dédale aurait ainsi construit des machines ailées et d’autres du même acabit susceptibles de se mouvoir par leur seule volonté. Au cours des siècles, les cerveaux fertiles et le progrès technique ont continué à projeter la possibilité d’un soi extérieur serviable et sensible. Un régal pour la philosophie. Par exemple, l’Eve future de Villiers de l’Isle-Adam (1878) façonne une femme «intelligente» par rapport à son modèle humain beau mais bête. Dans RUR, la pièce du tchèque Karel Čapek où apparaît pour la première fois le mot robot (1920), des robots censés servir d’esclaves dans une usine mais dotés d’un peu de sensibilité et d’intelligence finissent par anéantir l’humanité. On songe aussi à Metropolis de Fritz Lang (1927), d’où l’androïde Futura glissera perfidement entre les doigts de son maître.

    Quand il s’agit d’intelligence artificielle, c’est à Isaac Asimov que l’on se réfère souvent. Avant le développement de l’informatique, l’écrivain américain a donné à ses robots un cerveau positronique capable d’égaler la complexité de l’humain. Il a mis au point les trois lois de la robotique, destinées à encadrer les relations entre l’homme et sa création. Destination vide, de Frank Herbert, paru en 1966, ne s’encombre pas d’éthique et décrit une IA appelée «Conscience», susceptible de se révolter. «Si les machines sont si intelligentes aujourd’hui, constatait Isaac Isamov en 1964, qui sait ce qu’elles feront dans cinquante ans ? Ce seront des ordinateurs beaucoup plus miniaturisés qu’aujourd’hui, qui serviront de "cerveaux" aux robots.» Plus de cinquante ans après, il n’aurait sans doute pas été étonné par la prouesse du champion de Google.

    Le mythe du jeu logique, et de l’intelligence de son vainqueur, courent également la fiction. Il s’agit invariablement d’échecs dans nos contrées occidentales. Le face-à-face devant un échiquier fascine pour la complexité des combinaisons qu’il suppose. Est-ce si étonnant qu’une IA parvenue à une telle puissance de calcul batte à plate couture un humain ? Il n’en reste pas moins que c’est encore une IA «faible», au sens où lui conférer une autonomie et des émotions reste du domaine du fantastique. Belle illustration dans le Maître de Moxon d’Ambrose Bierce (1899). Dans le secret de son atelier, Moxon avait conçu une machine capable de rivaliser avec lui aux échecs. Moxon gagna échec et mat. Que croyez-vous qu’il se passa ? Ce fut la machine qui l’étrangla…

    Frédérique Roussel
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