DSK enterre le Parti socialiste, la Rue de Solferino s'insurge
L'ancien patron du FMI a estimé samedi qu'il «est temps que le PS disparaisse». «Indécence !», répondent les socialistes.
En pleine convalescence, les socialistes ne pensaient pas à avoir à subir un mauvais coup d'un ancien camarade… Mais voilà que depuis Marrakech (Maroc) où se tient la World Policy Conference, Dominique Strauss-Kahn a jugé samedi qu'il «est temps que le PS disparaisse». «Ce parti qui est le mien - et je le dis avec tristesse - mais c'est comme ça, n'a pas su accompagner la mondialisation, se transformer quand le monde se transformait», a lancé l'ancien ministre.
Quatre jours après Halloween, le député Luc Carvounas a eu «l'impression d'entendre un fantôme». «Quand je fais le tour de France à la rencontre des militants, je n'ai pas l'impression de voir des morts-vivants», rétorque l'élu qui se prépare pour le congrès du PS. Même angle de défense de Rachid Temal, le coordinateur national de la Rue de Solferino: «J'étais samedi à Toulouse. Les militants étaient convaincus que le PS n'est pas à mort.» «Dominique Strauss-Kahn a été socialiste, aujourd'hui il est conférencier. Je laisse à chacun le soin de faire telle ou telle conférence, moi je reste concentré sur les militants», affirme le sénateur qui assume l'intérim à la tête du PS en attendant l'élection d'un nouveau premier secrétaire, en début d'année prochaine.
«Se tromper de rancœur»
La sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie a longtemps été une strauss-kahnienne. Aujourd'hui, elle ne se prive pas de tordre le bras à son ancien ami: «Étant donné la situation dans laquelle il a mis les socialistes, je lui suggère de nous dispenser de ses avis et de ne pas désespérer à nouveau ceux qui veulent reconstruire.» Le sénateur Rémi Féraud confie qu'il «préférait le DSK de La Flamme et la Cendre(Grasset), du nom d'un essai de l'ancien ministre publié en 2002 dans lequel il imaginait comment le PS pouvait se rénover. «Je partage son constat quand il dit que le PS n'a pas su se transformer mais ce qui m'indigne, c'est qu'il veuille qu'il disparaisse parce que lui-même n'a pas réussi à le réformer.»«Ceux qui soutiennent Emmanuel Macron sont inquiets de voir un espace politique s'ouvrir à gauche et que le PS puisse l'occuper», poursuit Rémi Féraud qui estime que l'ancien directeur du FMI «ne fait pas honneur à sa génération, qui est au cœur de l'échec du PS». «Je suis agacé par cette génération qui a profité du PS comme d'un ascenseur social. Aujourd'hui, ils regardent devant eux sans se retourner sur ceux, comme nous, qui sommes encore présents sur les territoires», appuie Luc Carvounas.
Évidemment, les références aux mœurs de Dominique Strauss-Kahn ont rapidement été brandies par les socialistes pour discréditer son propos: «La violence et l'indécence, on avait compris que ça caractérisait DSK. En pleine séquence “Balance ton porc”, sa sortie est surprenante, vu à quoi son nom est rattaché», flingue Sébastien Denaja, le porte-parole du PS. «Qu'il nous laisse tranquille, il nous avait déjà suffisamment écœurés en 2011», complète Luc Carvounas.
Sur Twitter, Olivier Faure, le patron des députés socialistes, s'est dit «triste de voir DSK se tromper de rancœur». «Le PS n'est pour rien dans son abandon de la vie politique…», a-t-il écrit. Quant à Ségolène Royal, invitée dimanche du «Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro», elle s'est refusée à valider le constat de son ancien rival: «Je n'aime pas les phrases assassines et définitives. Il est évident que (le PS) n'est pas en bonne santé (mais) il y a toujours (un) espace politique.»