Espagne : les socialistes préfèrent la droite
Le Parti socialiste d'Espagne a choisi de laisser la droite de Mariano Rajoy revenir au pouvoir. Par peur d'Unidos Podemos, le PSOE s’abstiendra lors du vote de confiance pour laisser la droite, minoritaire, poursuivre sa politique conservatrice.
Le roi d'Espagne a donc entamé ce lundi les consultations avant de confier au conservateur Mariano Rajoy la formation d'un nouveau gouvernement. Il se présentera alors devant le Parlement, où il est assuré d'être investi avec le soutien des 137 députés de son Parti populaire (PP) et des 32 libéraux de Ciudadanos, grâce à l'abstention des 85 élus socialistes.
Sans majorité au Parlement Rajoy aura les mains liées. Le Parti socialiste (PSOE) laisse la droite gouverner mais incarner l'opposition, et ne pas la laisser à l’alliance Unidos Podemos. Mais surtout le PSOE avait le pouvoir de déclencher de nouvelles législatives, les troisièmes, lors desquelles les socialistes risquaient une sacré déroute électorale. "La répétition des élections serait nuisible aux intérêts de l'Espagne et des Espagnols" essaye de se justifier le parti. Le comité fédéral du PSOE, qui fixe la ligne du parti entre les congrès, a pris sa décision après un débat bien ordonné, contrairement aux invectives et aux menaces de la réunion chaotique du 1er octobre, qui a abouti à la démission forcée du secrétaire général du parti, Pedro Sanchez. Celui-ci refusait catégoriquement de laisser le conservateur Mariano Rajoy se maintenir au pouvoir, après un premier mandat marqué par les scandales de corruption, la volonté de limiter l’IVG et des inégalités croissantes. Les socialistes ont pourtant préféré Rajoy plutôt que de risquer un résultat électoral encore plus humiliant qu'en décembre 2015 et en juin 2016. Avec une ligne bien à gauche et sans compromission, l’alliance entre Izquiedra-Unida et Podemos pourrait les dépasser.
Le Parti populaire (PP) avait remporté de peu ces deux derniers scrutins, mais sans majorité absolue et sans alliés. Le PSOE préfère l’opposition et espère des concessions de la droite sans majorité, plutôt que de gouverner fermement à gauche.
Malgré le vote de dimanche, certains députés PSOE, notamment les catalans, refusent de se plier à la discipline de parti. "Nous désobéissons, et nous sommes prêts à en assumer les conséquences", a déclaré lundi à la radio leur chef, Miquel Iceta.
Ils accusent le PP d'être responsable de la montée de l'indépendantisme et dénoncent le divorce entre les organes dirigeants du parti et les militants, plus favorables au "non à Rajoy".
Pablo Iglesias a déclaré dès dimanche soir que "les masques sont tombés", dénonçant la formation d'une "grande coalition" entre les socialistes et la droite.
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