Qu’est-ce que l’adolescence ?
L’adolescence est plus difficile à définir qu’il pourrait sembler au premier abord. En effet, l’adolescence est une notion complexe : il s’agit à la fois d’ un phénomène social, d’un processus de maturation biologique et d’un moment de transformation psychique.
Le psychanalyste Raymond Cahn souligne bien cette complexité en définissant l’adolescence comme « ce temps où la conjonction du biologique, du psychique et du social parachève l’évolution du petit homme. »
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Définition de l’adolescence selon l’OMS
Pour l’ Organisation Mondiale de la Santé, l’adolescence est « la période de croissance et de développement humain qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre les âges de 10 et 19 ans ». Il s’agit d’une période de transition qui se caractérise par un rythme important de croissance et de changements psychiques.
Toujours selon l’OMS, l’apparition de la puberté marque le passage de l’enfance à l’adolescence.
En 2015, l’OMS évalue le nombre d’adolescents à 1,2 milliards, soit un sixième de la population mondiale.
Caractéristiques de l’adolescence pour les psychanalystes
La psychanalyse s’est centrée sur certaines caractéristiques de l’adolescence. Elle est alors définie comme une période :
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de vulnérabilité :
Pour Philippe Jeammet, « l’adolescence et une étape sensible du développement de la personnalité ». Elle est marquée par une vulnérabilité liée aux effets psychiques et physiques de la puberté. Cette vulnérabilité va entraîner le besoin pour l’adolescent de renforcer ses « défenses » (au sens psychanalytique: c’est-à-dire la capacité du sujet à se défendre contre l’angoisse).
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de discontinuité et de crise :
Pour François Marty : « L’adolescence est une période de bouleversements sans précédent dans l’histoire du sujet ». En effet, l’adolescence s’inscrit dans un mouvement de rupture par rapport à l’enfance. De même, comme le souligne E. Kestemberg, « on dit souvent que l’adolescent est à la fois un enfant et un adulte, mais il serait plus juste de dire qu’il n’est plus un enfant, et n’est pas encore un adulte ». Cette période d’entre deux sans point de repère fiable constitue l’essence même de « la crise » d’adolescence.
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Définition de l’adolescence dans l’histoire
L’adolescence est une notion récente
L’adolescence a-t-elle toujours existé ? Être jeune n’a pas toujours signifié la même chose. Il n’est d’ailleurs même pas sûr que cela ait toujours signifié quelque chose. La notion de jeunesse s’est constituée socialement au fil de l’histoire et l’importance donnée à cette période qu’est l’adolescence , se révèle être en réalité, plutôt récente.
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Étymologie du mot adolescent
Étymologiquement, le mot adolescent vient du mot latin adulescens qui existait déjà dans la Rome antique. Mais l’analogie s’arrête là. En effet, d’un point de vue étymologique, adulescens signifie « celui qui est en train de croître ». Il ne se réfère pas à une catégorie d’âge en particulier. À Rome, seuls les jeunes hommes de 17 à 30 ans étaient appelés adulescens et il ne s’agissait en aucun cas de pré-adultes ou de post-adolescents. Le droit de mariage leur était acquis dès la puberté et la citoyenneté à 17 ans. Pour les femmes on parlait d’uxor, épouse, dès lors qu’elles étaient sorties de l’enfance et n’avaient donc pas « d’adolescence ».
Par la suite, l’usage du terme adolescence disparaît. Durant toute la période du Moyen Âge, la population est divisée entre enfants et adultes autour de l’âge naturel de la puberté (environ 13 ans). Les termes utilisés pour désigner les jeunes ne sont alors pas tant liés à leur âge qu’à leur appartenance à un groupe ou à une condition sociale.
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L’adolescence: une notion « inventée » au XIXe siècle
Pour l’historienne Agnès Thiercé, l’adolescence a été inventée au XIXe siècle. Il y a plusieurs raisons à cela.
Tout d’abord, des travaux médicaux sont publiés à cette époque sur la puberté et L’Emile de Rousseau marque un tournant dans la représentation de l’adolescence.
Il y a aussi et surtout des raisons politiques. En effet, depuis la révolution de 1789, et lors de toutes celles qui ont secoué le XIXe siècle, les jeunes gens ont pris l’habitude de descendre dans la rue. L’adolescence est apparue sur la scène politique comme une classe d’âge un peu violente, comme une classe dangereuse. L’adolescent est d’abord défini comme un garçon et un bourgeois. Comme le dit A.Thiercé : «chez les prolétaires, les pubères intègrent le monde du travail. Dans la bourgeoisie, les filles attendent le mariage.» Il faudra attendre 1890 pour que, à cause des «ambitions éducatrices du XIXème siècle», l’adolescence, «âge de classe », devienne véritablement une classe d’âge. Mais, explique l’historienne, dès 1850 on a déjà la formule: « adolescence= puberté + encadrement + crise ». La popularité de cette formule ne cessera de croître par la suite jusqu’à passer pour un simple « constat » d’une étape « naturelle » du développement humain.
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Adolescence et puberté
La puberté occupe bien sûr une place essentielle dans l’adolescence et en marque le commencement. En effet, les transformations du corps à la puberté s’accompagnent et déclenchent des transformations psychiques. Elles contribuent à la construction de l’identité de l’adolescence, en particulier l’identité de genre (qui se construit au fil du temps contrairement à l’identité sexuelle strictement biologique). L’apparition des premières règles chez la fille, des premières éjaculations chez le garçon, signent véritablement l’avènement de la puberté : vers 12 ans chez les filles, 14 ans chez les garçons.
Les modifications corporelles à la puberté sont souvent regroupées en 3 catégories :
- augmentation de la taille
- évolution des caractères sexuels primaires (organes génitaux)
- évolution des caractères sexuels secondaires (voix, pilosité, seins, système musculaire).
Une poussée de croissance rapide marque le début de la puberté. Cette croissance, plus précoce de nos jours qu’il y a 50ans, se situe vers 10 ans-10 ans et demi chez les filles et vers 12 ans-12ans et demi chez les garçons.
Le début de l’adolescence est donc clairement déclenchés par des processus biologiques et hormonaux. A l’inverse, la fin de l’adolescence dépend certes des mêmes facteurs qui provoquent l’arrêt de la croissance (soudure des cartilages), mais aussi de facteurs psychologiques individuels et sociaux, largement déterminants à notre époque,tant du point de vue nutritionnel qu’environnemental et culturel. Il n’y a donc pas de fin claire à la période de l’adolescence. Sa durée varie selon les auteurs (on parle même d’adulescence pour décrire une période qui s’étendrait de 20 à 25ans environ).
Si l’adolescence est évidemment un phénomène culturel, les transformations pubertaires elles-mêmes varient selon les époques, les régions et les pays. Dans nos sociétés occidentales, on constate ainsi un abaissement de l’âge de la puberté, une accélération de la croissance et une augmentation de la taille des adolescents.
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Évolution du comportement social à l’adolescence
Bien sûr, chaque personne est différente et il n’existe pas un adolescent type. Toutefois, on retrouve souvent certaines tendances chez les adolescents. On distingue ainsi classiquement 3 phases dans le lien aux autres à l’adolescence :
La phase dite d’opposition : elle survient chez la fille entre 12 et 13 ans et chez le garçon entre 12 et 15 ans. Elle commence par une période de régression au cours duquel les adolescents vont avoir tendance à être imprévisible, à s’opposer aux règles, à questionner ce qui leur semblait aller de soi durant l’enfance. Cette tendance à se démarquer permet également de se construire par opposition. Enfin, cette période correspond à une plus grande conscience de soi, là où l’enfant avait plus tendance à coller par identification à ses parents.
La phase dite « d’affirmation du moi » : elle a lieu chez la fille entre 13 et 16 ans, et chez le garçon entre 15 et 17 ans. C’est une période de revendication, où le « Je veux! » succède au « Je ne veux pas ! ». elle correspond à une plus grande demande d’indépendance et de liberté. On parle alors souvent de conflit des générations et beaucoup d’adolescents ont alors tendance à interroger le système de valeurs qui leur a été transmis.
La phase d’indépendance : elle survient chez la fille entre 16 et 18 ans, et chez le garçon entre 18 et 20 ans. C’est souvent une période de déclin des idéalisations du début de l’adolescence, durant laquelle des identifications plus stables vont se construire qui perdureront à l’âge adulte. L’adolescent trouve son indépendance affective, et construit son indépendance économique. Il accepte réellement et sans ambivalence de se passer de ses parents. Cette phase d’insertion est facilitée par l’accès au travail et les relations de couple, ce qui permet la construction progressive d’une indépendance affective et économique. A l’inverse, si le chômage et la précarité s’installent, cela vient à freiner l’entrée dans l’âge adulte.
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L’adolescence présentée par l’émission « C’est pas sorcier »
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