"Rapt parental" : L'appel à l'aide d'une mère pour retrouver Milan, 3 ans, kidnappé par son père parti au Maroc

"Rapt parental" : L'appel à l'aide d'une mère pour retrouver Milan, 3 ans, kidnappé par son père parti au Maroc
SOCIÉTÉ

TEMOIGNAGE - Une maman accuse son ancien compagnon d’avoir enlevé leur fils de trois ans, pour l’emmener avec lui au Maroc. Victime d’un "rapt parental", Laura raconte à metronews son parcours du combattant auprès de la justice française et des autorités internationales, pour retrouver Milan. En vain.

Elle compte les jours. Voilà trois ans exactement que Laura Pruneaud, une jeune maman varoise de 28 ans, n’a pas vu son fils. Elle assure que son ex conjoint est parti vivre au Maroc en emportant le petit Milan, aujourd’hui âgé de 6 ans. Et se bat depuis le premier jour pour récupérer cet enfant qu’elle considère comme "kidnappé".

La scène se déroule le 6 avril 2013. Il est 18 heures. Le père de Milan, qui ne vit déjà plus à la maison, vient récupérer le garçonnet en voiture. "A l’époque, il ne le gardait quasiment jamais. Ce soir-là, il a voulu le prendre pour le week-end. J’étais contente pour mon fils" nous raconte Laura. Mais au moment de rentrer chez elle, la maman est prise d’un doute. "Je sentais que quelque chose n’allait pas. J’ai fait demi-tour… avant de me dire que j’étais parano. J’ai embrassé mon fils une seconde fois, je suis partie. Et je ne l’ai plus jamais revu." Dans la nuit, elle reçoit des textos. C’est son ancien compagnon : "Je suis parti au Maroc, tu ne reverras plus jamais ton fils. Game Over."

Trois ans de prison et 45.000 euros d'amende

Game over ? Laura, elle, est pourtant bien décidée à se battre. Dès le lendemain, elle file au commissariat. Et là, première douche froide. "Comme j’étais toujours mariée avec lui, personne n’a voulu prendre ma plainte." Cette mère au foyer fait donc appel à un avocat et la procédure s’enchaîne rapidement. Elle obtient alors deux choses : la garde exclusive de son fils, et le fait que son domicile soit reconnu comme la "résidence habituelle" de ce dernier. Dans la foulée, elle dépose plainte contre son mari pour "non restitution d’enfant après week-end" et "déplacement illicite de l’enfant dans un pays étranger". Des délits qui exposent le ravisseur présumé à une peine de trois ans de prison et 45.000 euros d’amende.

Mais depuis, ces démarches ont connu un coup d’arrêt, d’autant que l’ex conjoint ne donne plus signe de vie. Et alors que Laura ne demande qu'à se rendre au Maroc pour aller voir son fils, elle craint qu'à cause de son divorce, encore non acté, elle ne soit retenue indéfiniment dans le pays. Olivier Massuco est l’avocat de Laura. Interrogé par metronews, il raconte : "En France, toutes les démarches nécessaires sont faites. Mais on en est au point mort côté Maroc." Car si une solution peut un jour dénouer cette situation tragique et complexe, elle est à chercher au niveau de la coopération internationale… qui pour l’heure, n’a pas fait montre d’une grande efficacité. Il existe pourtant un texte officiel créé justement pour répondre à ce genre de problèmes : la convention de La Haye, sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants. En 2010, elle recueille la signature du Maroc - censée permettre des démarches bilatérales. Mais pour l’instant, c’est silence radio. "J’imagine qu’ils offrent simplement un accompagnement dans les démarches…" avance la maman, perplexe devant tant de lourdeur administrative.

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411 nouveaux dossiers d'enlèvement

Même constat du côté du bureau d’entraide civile et commerciale international, pourtant sollicité par l’avocat de Laura dès le début de la procédure.  "En 2014, les relations diplomatiques entre la France et le Maroc se sont tendues. Résultat, on a conseillé à ma cliente de se débrouiller par elle-même" confie encore maître Massuco. Contactées par metronews, ces deux autorités internationales n’ont pas encore donné suite.

Sont-elles débordées de dossiers similaires ? Ce qui est sûr, c’est que la maman du petit Milan est loin d’être un cas isolé. En 2015, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 455 cas de soustractions de mineurs (lorsqu’un parent ne ramène pas l’enfant), ont fait l’objet d’une plainte. Par ailleurs, l’association CFPE 116000 enfants disparus, contactée par metronews, précise qu’elle a ouvert, rien que pour l’année dernière, 411 nouveaux dossiers d’enlèvements de mineurs. Laura, quant à elle, lutte pour ne pas perdre espoir. "Les années passent. Ça me manque de ne plus le préparer pour aller à l’école, par exemple. C'est très dur, presque indescriptible, de perdre son rôle de maman du jour au lendemain. J'ai eu une petite fille, il y a un an, que j'aime mais dont la naissance me culpabilise. Cela a entraîné chez moi de nombreux problèmes de santé. J'ai besoin que mon fils revienne."

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