Created with Sketch. > Santé Thématique suivie Ne plus suivre Covid-19 : pourquoi la stratégie d'immunité collective n'a pas fonctionné Par Coralie Lemke le 09.06.2020 à 17h28 Abonnés -- -- Par Coralie Lemke le 09.06.2020 à 17h28 Abonnés Un temps envisagée par certains pays, la stratégie d'immunité collective a vite été abandonnée car trop dangereuse. Et les pays qui l'ont adoptée en partie, comme la Suède, ne montrent pas de bons résultats dans la lutte contre le Covid-19. -- -- corona L'immunité collective implique qu'environ 65% de la population doit avoir contracté le coronavirus. THOMAS COEX / AFP -- -- Etre protégé dʼune maladie, quʼon ait des anticorps ou non. En lʼabsence de traitement efficace et de vaccin spécifique, lʼimmunité collective représente un espoir de continuer à vivre normalement, sans mesures barrière ou distanciation sociale. Mais pour atteindre ce niveau de protection au sein dʼune population contre une maladie, il -- -- quʼenviron 65% de la population doit avoir été infectée par le SARS-CoV-2 pour atteindre ce niveau de protection. Une fois acquise, lʼimmunité collective permet de protéger les plus fragiles, donc les nouveaux-nés, les personnes âgées ou les personnes avec un système immunitaire déficient. -- -- immunitaire déficient. Principal inconvénient de lʼimmunité collective : passer par une phase où les contaminations sont très nombreuses -- -- contaminations sont très nombreuses Au début de lʼépidémie de SARS-CoV-2, la stratégie dʼimmunité collective a dʼabord adoptée par certains pays, comme la Grande-Bretagne, les Pays-Bas ou encore la Suède. En théorie, cela implique de laisser le virus se propager, quʼun certain pourcentage de -- -- la population va tomber malade pour ensuite développer des anticorps. En parallèle, la vie sociale et économique du pays poursuit son cours. Mais lʼadoption dʼune stratégie dʼimmunité collective dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 a rapidement été critiquée par lʼOrganisation mondiale de la santé (OMS). -- -- nʼa pas atteint la population depuis assez longtemps pour savoir quels sont ses effets sur le plan immunologique", avait par exemple déclaré la porte-parole à la BBC. Principal inconvénient de lʼimmunité collective, elle implique, avant dʼêtre atteinte, de passer par une phase où les contaminations sont très nombreuses. Une explosion de cas - et donc de cas graves - auxquels les systèmes de santé peuvent -- -- symptômes. Et Patrick Vallance, le conseiller scientifique en chef de Boris Johnson, de marteler le lendemain, le 13 mars : "Il faut que la population acquière une certaine immunité." Aux Pays-Bas, la ligne est la même. Pas de confinement imposé. "Un confinement empêcherait, au contraire, l’immunisation et favoriserait le retour, plus tard dans -- -- néerlandais. Finalement, la stratégie dʼimmunité collective a vite été abandonnée par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Dès le 15 mars, Matt Hancock, -- par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Dès le 15 mars, Matt Hancock, le ministre de la Santé britannique, affirme que "l’immunité collective n’est pas notre politique ni notre but. Notre but est de protéger les vies". Dʼaprès le Sunday Times, le basculement se serait opéré après la -- -- publication dʼune étude de lʼImperial College de Londres, dont les modélisations prévoyaient 250.000 morts au Royaume-Uni avec la stratégie dʼimmunité collective. Au vu du nombre de cas graves pouvant potentiellement exploser, les Pays-Bas ont finalement, eux aussi, interdit les rassemblements publics, malgré lʼimpact de cette mesure -- -- La Suède attend un bilan sur le long terme La Suède reste lʼun des seuls pays à espérer atteindre lʼimmunité collective à terme. Le pays a misé sur le civisme des citoyens, demandant aux personnes fragiles de rester chez elles. Les classes dʼenfants de plus de 16 ans ont été fermées et les rassemblements de -- -- lors dʼune conférence de presse. Il estime que la part de population immunisée contre le virus à Stockholm sʼélève à environ 25% des individus. Un chiffre très éloigné des 65% nécessaires à lʼimmunité collective. "Un confinement participatif" -- -- Le bilan de la Suède reste néanmoins meilleur que celui dʼautres pays comme la France ou la Grande-Bretagne. Alors, quel bilan faut-il tirer de la stratégie suédoise dʼimmunité collective ? "En réalité, aucun pays nʼa adopté la stratégie dʼimmunité collective, même pas la Suède. Elle est trop dangereuse : le nombre de lits en réanimation ne semble pas suffisant et la mortalité aurait été beaucoup plus élevée. Si -- -- Elle est trop dangereuse : le nombre de lits en réanimation ne semble pas suffisant et la mortalité aurait été beaucoup plus élevée. Si vraiment la Suède avait visé lʼimmunité collective, elle aurait fait la promotion de ʼcorona partiesʼ par exemple et aurait incité les habitants à se mélanger. La Suède a instauré un confinement -- -- économie que notre confinement imposé sur notre propre économie. La ligne de la Suède a été de dire quʼils préfèrent une économie qui tourne à 25% quʼà 0%. Elle espère tout de même atteindre une immunité collective à terme", explique à Sciences et Avenir le professeur Antoine Flahault, expert en santé publique, directeur de lʼInstitut de santé globale de lʼuniversité de Genève, et ancien directeur de lʼEcole -- -- Britain. Pas dʼimmunité collective en France non plus En France, la part de la population française exposée au SARS-CoV-2 (et -- -- pourraient avoir été exposées au SARS-CoV-2 nʼatteint que 10%. Un résultat bien trop éloigné des 65% dʼindividus présentant des anticorps nécessaires pour établir une immunité collective. Si bien que lʼéquipe va même jusquʼà prédire un rebond de lʼépidémie au sein de la population, qui ne possède pas les défenses immunitaires pour contrer -- -- va même jusquʼà prédire un rebond de lʼépidémie au sein de la population, qui ne possède pas les défenses immunitaires pour contrer le virus : "Nos résultats suggèrent […] que, sans vaccin, lʼimmunité collective ne suffira pas à éviter une deuxième vague à la fin du confinement." -- -- Cette stratégie a-t-elle déjà fonctionné auparavant ? Plusieurs épidémies ont déjà été endiguées grâce à lʼimmunité collective après la mise au point dʼun vaccin, comme la variole. En inoculant le virus à une partie assez importante de la population (ce qui est le principe de la vaccination), tous les individus sont ensuite -- -- qui est le principe de la vaccination), tous les individus sont ensuite protégés. Chaque maladie possède un seuil dʼinoculation qui lui est propre, appelé le "seuil dʼimmunité grégaire." Pour la variole, il sʼétablit à 85% de la population, comme pour la diphtérie. Pour la rougeole ou la coqueluche, le seuil est beaucoup plus haut, à 94% de la -- -- population. Cʼest ce qui explique que la rougeole réapparaît depuis plusieurs mois car beaucoup de parents refusent de faire vacciner leurs enfants. Un chiffre qui suffit à mettre en péril lʼimmunité collective. Le Covid-19 pourrait, dans les années à venir, sʼajouter à cette liste -- -- vaccin contre le SARS-CoV-2 et une ʼcorona partyʼ pour immuniser son enfant", explique le Pr. Antoine Flahault. Que ce soit grâce au vaccin ou grâce à la propagation naturelle du virus, lʼimmunité collective au SARS-CoV-2 aura très probablement été atteinte dʼici là. 2 réactions