Covid-19 : pourquoi l'immunité collective ne résoudra pas le problème en France Ouvrir le menu Covid-19 : pourquoi l'immunité collective ne résoudra pas le problème en France 18h00 , le 14 octobre 2020 ABONNÉS La part de la population en France ayant contracté le virus ne dépasserait pas aujourd'hui plus de 7%, un niveau largement insuffisant pour atteindre une immunité collective qui permettrait de se protéger du Covid-19. Une personne se fait tester au Covid-19 à Paris. (Reuters) Partager sur : C'était l'espoir du printemps : celui d'éviter une deuxième vague grâce à l'acquisition d'une immunité collective en France. Mais cette hypothèse semble battue en brèche. Le seuil permettant d'atteindre cette immunité collective n'est toujours pas précisément connu. Certains spécialistes évoquent le chiffre de 60-70% de la population infectée, d'autres un seuil plus bas. Mais même sur ce territoire, les contaminations reprennent ces dernières semaines. "À Manaus, censée être la ville la plus contaminée au monde et donc à l'abri grâce à l’immunité collective, l'épidémie reprend. Malheureusement les hospitalisations suivront. L'immunité collective sans vaccin est un mirage", commente le médecin Gilbert Deray sur Twitter. À Manaus censée être la ville la plus contaminée au monde et donc à l’abri grâce à l’immunité collective l’épidémie reprend. Malheureusement les hospitalisations suivront. L’immunité collective sans vaccin est un mirage. — deray gilbert (@GilbertDeray) Pour rappel, "l'immunité collective correspond au pourcentage d'une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d'une personne en moyenne, amenant de fait l'épidémie à l'extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés. Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l'infection naturelle ou par la vaccination", expliquent les scientifiques de l'Institut Pasteur. La France très loin de l'immunité collective La France est, elle, très loin du seuil des 60% de contaminations. Malgré la deuxième vague observée ces dernières semaines dans les grandes métropoles française, on est donc encore très loin du seuil des 60% de contaminations dans tout le pays. Lire aussi - Ce rebond épidémique, commun à toute l'Europe, touche souvent des zones qui avaient déjà été très impactées en mars-avril, preuve que l'immunité collective est loin d'être acquise. C'est le cas de l'Ile-de-France, de la région de Madrid, du nord-est anglais. Il faut également noter que 32.000 personnes sont déjà décédées du Covid-19 alors que moins de la 10% de la population a été contaminée en France. Pour arriver à une hypothétique immunité collective, ce serait donc sans doute au prix de dizaines de milliers de morts supplémentaires. "Avec un seuil d'immunité collective de 50%, le bilan serait de 100.000 à 450.000 décès en France", estiment les chercheurs à l'Institut Pasteur, Simon Cauchemez et Arnaud Fontanet, dans . "Jamais, dans l'histoire de la santé publique, l'immunité collective n'a été utilisée comme stratégie pour répondre à une épidémie, et encore moins à une pandémie. C'est scientifiquement et éthiquement problématique", a estimé la semaine dernière le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "L'immunité collective par infection naturelle n'est pas une stratégie, c'est le signe qu'un gouvernement n'a pas réussi à contrôler une épidémie et qu'il en paie le prix en vies perdues", abonde sur Twitter Florian Krammer, professeur de microbiologie à l'école de médecine Icahn de l'hôpital Mount Sinai à New York. On ne sait pas combien de temps dure l'immunité L'autre problème qui ne permet pas de miser sur le concept d'immunité collective, c'est qu'on ne sait pas combien de temps dure l'immunité. Cela reste toutefois minime par rapport à l'ensemble des contaminations, puisque 300.000 personnes ont été testées positives dans le pays. "C'est un fait, c'est indéniable, nous voyons de l'immunité", tempère l'immunologiste israélien Cyrille Cohen, interrogé par . "Si ce n'était pas le cas, et qu'il n'y avait pas généralement une immunité après l'infection, nous aurions vu beaucoup de personnes ayant eu une première fois le coronavirus, avant de l'attraper à nouveau." Lire aussi - La meilleure manière d'arriver à l'immunité collective est toutefois le vaccin. "Le vaccin peut artificiellement donner de la protection aux personnes qui n'ont jamais été contaminées et casser le rythme naturel de transmission.