» SAGEGATE (2/3) : La stratégie de l’immunité collective a été imposée au SAGE sous le contrôle de Cummings Créé par Olivier Berruyer 1.août.2020 1.8.2020 // Les Crises SAGEGATE (2/3) : La stratégie de l’immunité collective a été imposée au SAGE sous le contrôle de Cummings , , Merci 64 J'aime Partager Je Tweet Source : Traduit par les lecteurs du site Les-Crises Pour lire la première partie de l’enquête, cliquez Enquête de Nafeez Ahmed sur la façon dont l’adoption de cette politique farfelue, qui aurait pu entraîner un demi-million de morts, a coïncidé avec la présence du controversé conseiller en chef de Boris Johnson Les procès-verbaux du Groupe consultatif scientifique sur les urgences (SAGE) du gouvernement confirment non seulement que le gouvernement n’a à aucun moment envisagé sérieusement la possibilité de supprimer le Coronavirus, mais ils jettent aussi un nouvel éclairage sur sa fascination pour l’idée d’une « immunité collective ». L’immunité collective se produit lorsque dans une population, un nombre suffisamment important de personnes sont immunisées, empêchant ainsi la transmission d’un virus. En général, elle est obtenue uniquement grâce à la vaccination, mais dans certains cas, les scientifiques s’accordent à dire qu’elle peut se construire de façon naturelle au fil du temps. Les procès-verbaux du SAGE que j’ai étudiés fournissent des preuves circonstancielles convaincantes que, contrairement aux démentis officiels, l’immunité collective était une stratégie du gouvernement central – même si les scientifiques du SAGE étaient absolument incapables de lui trouver une justification scientifique. Des infections asymptomatiques – Recherche de l’immunité collective Le 13 février, le jour même où le gouvernement a voulu évaluer l’impact des fermetures d’écoles sur « l’économie au sens large », le compte-rendu du SAGE révèle qu’il a été décidé de créer un autre sous-groupe, le SPI-B (Scientific Pandemic Influenza – Behaviour : Science de la pandémie de la grippe – étude du comportement), « pour fournir des conseils en sciences du comportement via le SAGE tout au long de la séquence ». Un groupe représentatif de spécialistes du comportement de l’IPS-B a ensuite conseillé au gouvernement de se servir de l’immunité collective pour justifier une politique de « protection » des personnes âgées et vulnérables, tout en permettant au reste de la population d’être infectée par le Coronavirus. Jusqu’à la mi-mars, les documents du SAGE confirment que le gouvernement a continué à tabler sur une « transmission soutenue » du virus au Royaume-Uni, tout en refusant de mettre en œuvre quelque mesure que ce soit susceptible d’empêcher que cela ne se produise. Le gouvernement n’essayait pas d’empêcher les gens d’être infectés et de mourir, mais son but était de maintenir la situation à un niveau qui n’entraînerait pas l’effondrement du système de santé. Le gouvernement a également montré un intérêt particulier dans la prise en compte de l’ampleur des cas asymptomatiques au Royaume-Uni – ce qui est directement pertinent pour la stratégie d’immunité collective. Alors qu’il est bien plus facile de tracer le nombre de gens présentant des symptômes, si davantage de personnes avaient été infectées sans présenter de symptômes, cela indiquerait un degré de transmission plus élevé – donnant ainsi une indication quant à la progression de l’immunité collective. » Il a également ajouté que : « Seule une partie des personnes infectées présenteront des symptômes ». Bien que semblant anodine, cette observation est cruciale car le gouvernement semblait croire qu’un nombre beaucoup plus important de personnes étaient infectées de manière asymptomatique, ce qui est conforme à l’espoir qu’il formait que sa stratégie irait potentiellement vers l’obtention d’une immunité collective. Mais il semble aussi qu’il avait accepté le fait que cela lui coûterait très cher. Le gouvernement n’essayait pas d’empêcher les gens d’être infectés et de mourir, mais tentait de maintenir la situation à un niveau qui n’entraînerait pas l’effondrement du système de santé. Deux mois de réflexion sur l’immunité collective Au début du mois d’avril, le Byline Times a obtenu, par une fuite, les enregistrements d’un appel confidentiel du ministère de l’intérieur dévoilant des propos de Rupert Shute, conseiller scientifique en chef adjoint, disant au personnel que « nous y serons tous exposés [à la COVID-19] à un moment donné ». Selon la « modélisation actuelle sur laquelle nous travaillons, 80 % des personnes en seront atteintes – parmi celles-ci, une grande partie ne réalisera pas qu’elle l’a », a-t-il déclaré. Les événements qui ont suivi ces réunions SAGE de février, sur une période particulière de trois jours, au début du mois de mars sont essentiels. Les documents montrent que le conseiller principal du Premier ministre, Dominic Cummings, a joué un rôle direct dans les réunions du SAGE au cours desquelles une stratégie d’immunité collective a fini par déterminer l’approche du gouvernement en matière de « confinement » ou distanciation sociale. Le 3 mars, le SAGE a enfin commencé à discuter de l’impact des « interventions comportementales et sociales potentielles sur la propagation d’une épidémie de COVID-19 au Royaume-Uni ». Cependant, la seule mesure tangible qui a été proposée est « la distanciation physique pour les plus de 65 ans ». Le lendemain, un groupe de conseillers du gouvernement en sciences du comportement s’est fait l’avocat d’une stratégie visant à n’isoler que les « groupes à risque » tout en permettant au reste de la population d’acquérir une « immunité ». Au sein du SAGE, cette idée d' »immunité » n’était pas fondée sur la recherche scientifique, mais a été décrite par les membres du groupe SPI-B comme une stratégie de communication vers le public pour contribuer à dissiper la confusion quant à une politique du gouvernement consistant à « ne pas avoir recours à un isolement physique à grande échelle tout en recommandant l’isolement des groupes à risque… Un des points de vue étant qu’expliquer que les membres de la communauté construisent une certaine immunité rendrait la mesure acceptable ». Et pourtant on a continué d’insister pour que le gouvernement ne cherche pas à supprimer le Coronavirus au motif que cela rendrait inévitable une deuxième vague. Le lendemain, Halpern a déclaré à BBC News que quand les groupes à risque « sortiront de leur confinement, [le plan est que] l’immunité collective aura été atteinte dans le reste de la population ». Tout au long de cette période, aucune preuve scientifique de l’immunité collective n’a été soumise au débat ou ratifiée par le SAGE. Les minutes de ce procès-verbal peuvent être considérées comme un aveu non intentionnel indiquant que, jusqu’à ce moment là, la compréhension scientifique du gouvernement concernant l’efficacité des mesures de distanciation physique manquait de consistance et était insuffisamment étayée pour guider ses décisions politiques. Il en va de même pour l’approche de l' »immunité collective », qui semble avoir continué de présenter un intérêt majeur même après le confinement. Le 26 mars – trois jours après le début du confinement – le procès-verbal de la réunion du SAGE indiquait que le gouvernement « doit également en apprendre plus sur l’immunologie et ses implications ». Au cours de cette même réunion, on l’a chargé de reporter son attention sur les « futures phases de l’épidémie » au cours desquelles le gouvernement pourrait « publier les mesures actuelles en toute sécurité et donner des conseils sur les questions à long terme ». Ce n’est que vers la mi-avril que le SAGE a commencé à traiter sérieusement les données scientifiques sur l’immunité. Ce qu’il a trouvé a remis en question de manière décisive l’idée que l' »immunité collective » pouvait être une stratégie viable. Une série de comptes rendus de réunions de cette période montrent que le SAGE a tardivement admis qu’il n’y avait « aucune preuve indiquant un niveau élevé d’immunité de la population à ce stade de la pandémie », que la durée de l’immunité n’était pas claire et que, par conséquent, l’idée de débloquer l’économie par la distribution massive de passeports d’immunité pour les personnes ayant guéri du Coronavirus était prématurée. Fin avril, le SAGE avait enfoncé le dernier clou dans le cercueil du fantasme de l’immunité collective.