Confiner la population pour freiner la propagation de la pandémie ? Ou laisser les habitants s’exposer au virus en pariant sur le phénomène d’immunité collective ? En Europe, les Pays-Bas et la Suède font pour l’heure ce choix, jugé dangereux par l’OMS. Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas a prononcé un discours télédiffusé sur la crise des coronavirus alors que son pays ne prône pas le confinement © AFP / ANP / Remko DE WAAL Immunité collective : qu’est-ce que c’est ? L'"immunité collective", "de groupe", "grégaire" ou "de troupeau" est un scénario qui prévoit que l a population, face à un agent pathogène viral ou bactérien, développe elle-même des résistances immunitaires . Lorsque quelqu'un tombe malade, son corps produit des anticorps pour éliminer les organismes intrus. Inconvénient : elle présente le risque de faire face à un très grand nombre de décès , d’autant que les scientifiques connaissent mal les spécificités du coronavirus. Enfin, l’immunité collective suppose qu'une fois le virus contracté, on ne retombe pas malade. Un scénario infirmé ces dernières semaines : certaines personnes déjà atteintes ont de nouveau développé la maladie. Cette stratégie d’immunité collective est fortement critiquée par l'Organisation mondiale de la santé qui la qualifie " d'expérimentale " et de " dangereuse ". Ceux qui y croient Pas de confinement en Suède , pourtant touchée par le coronavirus comme les autres pays européens. Toutefois le premier ministre Mark Rutte exclut un confinement total de la population, qui risquerait selon lui de faire "immédiatement" renaître le virus dès la levée de la mesure. Dans son discours à la nation lundi 16 mars, il a annoncé vouloir parvenir à une "immunité de groupe" dans l'attente d'un vaccin, laissant les personnes les moins vulnérables attraper le virus tout en protégeant les personnes âgées et les malades, ce qui pourrait prendre "des mois, voire plus" . À la différence de la Suède, les Pays-Bas comptent une très forte densité de population, mais ils disposent comme le pays scandinave de moins de lits en soins intensifs que d’autres. Ces mesures sont moins radicales que celles prises dans les pays voisins, ne prévoyant ni la fermeture des écoles, restaurants ou salles de spectacle, ni l'interdiction formelle des rassemblements. Elles marquent cependant une volte-face par rapport à la stratégie controversée adoptée jusqu'alors, qui consistait à favoriser l'émergence d'une immunité collective. Ceux qui en ont peur La Belgique est entrée en confinement mercredi 18 mars. Elle voit d’un mauvais œil ses voisins néerlandais prôner l’immunité collective. Ses experts estiment que cette approche met en péril les efforts déployés dans l’Union européenne en général. L’immunité collective est "tout à fait inacceptable", juge ainsi le docteur Yves Coppieters, épidémiologiste à l’Université libre de Bruxelles, interrogé par La Libre Belgique . Et l’inquiétude est d’autant plus forte qu’une proportion élevée de contaminations est observée dans les régions allemandes et belges proches de la frontière néerlandaise. La Commission européenne est sur la même ligne que l’OMS, qui juge l’immunité collective " dangereuse ". Elle a mis en place un Comité d’experts chargé d’élaborer des recommandations.