Pourquoi l'immunité collective ne pourra pas être la clé du déconfinement Pourquoi l’immunité collective ne pourra pas être la clé du déconfinement 17 avril 2020 - De premières données issues de Wuhan pourraient montrer qu'il ne faut définitivement pas compter sur l'immunité collective à court ou moyen terme. Il n’y a encore pas si longtemps, le principe d’immunité collective (ou « immunité de groupe » et herd immunity en anglais) était brandi comme l’une des voies par lesquelles la France et d’autres pays pourraient vaincre la . L’idée est la suivante : quand notre corps est attaqué par un agent pathogène extérieur, il produit des anticorps, contre une réinfection — si tant est que le pathogène ne mute pas suffisamment entre temps. Lorsqu’un virus a énormément circulé au sein d’une même population, et lorsqu’une part significative du groupe est alors immunisée, la propagation de la maladie est enrayée d’elle-même. C’était la solution que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, non sans faire polémique à l’époque puisque l’idée était de ne rien faire et laisser la maladie suivre son cours. Une stratégie rapidement décrédibilisée. Toutefois le principe même d’immunité de groupe restait scientifiquement une voie possible de ralentissement de Covid-19. Ne serait-ce que le 2 avril 2020, lors d’une session télévisée de questions-réponses avec le Premier ministre Édouard Philippe sur TF1, le sujet d’une immunité collective n’était pas écarté quant aux . Le confinement est levé depuis le 8 avril à Wuhan. // Source : Pixabay Depuis quelques jours, c’est cependant la douche froide sur ce sujet. Le Président de la République Emmanuel Macron a affirmé, , que les premières analyses montraient qu’une immunité collective était largement insuffisante à court ou moyen terme. L’idée s’est confirmée à la fin avril, puisqu’une étude de l’Institut Pasteur prospecte que auront été touchées au 11 mai, date actuelle du déconfinement. Que cette fraction représente des chiffres élevés en soi n’y change rien : c’est une question de pourcentage à l’échelle totale de la population. Des données issues de Wuhan, foyer de l’épidémie, , tendent à confirmer que parier sur l’immunité collective n’est pas une bonne idée. 2 à 3 % d’immunité collective à Wuhan ? À Wuhan, les autorités sanitaires ont lancé une enquête pour rechercher, parmi les milliers de personnes qui retournent actuellement travailler, celles qui ont développé des anticorps contre le coronavirus SARS-CoV-2. Cela devient même progressivement obligatoire dans beaucoup d’entreprises chinoises. Si l’on considère que le seuil d’une immunité collective se situe à partir de 50 % de personnes immunisées dans une population (et, en réalité, cela doit ), alors on en est bien loin à Wuhan. Wang Xinghuan, le directeur de l’hôpital de Zhongnan, explique que seulement « 2,4 % de ses employés et 2 à 3 % des patients récents et autres visiteurs » semblent avoir développé des anticorps. Il faut cela dit garder à l’esprit que les échantillons sur lesquels se basent les premières données restent assez faibles. À partir de cette fin de semaine, ces tests visant à rechercher des anticorps vont être élargis à plus de 11 000 habitants de corps de métier variés (des chauffeurs de taxi, des agents de sécurité…), et les résultats devraient être prochainement connus. Puis la recherche d’anticorps s’élargira par la suite à encore d’autres villes, comme Beijing ou Shanghai. Mais même si les données restent préliminaires, cela suffit à Wang Xinghuan pour déclarer au Wall Street Journal que l’on est « bien loin d’une immunité collective » et qu’un vaccin reste notre meilleur espoir pour se débarrasser de résurgences de Covid-19. Du côté de la France, le ministre de la Santé Olivier Véran avait réagi au lendemain du discours du chef de l’État. Il a précisé sur RTL que nous disposons à l’heure actuelle seulement d’estimations, et qu’elles montrent une immunité potentielle de . Les chiffres sur le sujet restent donc globalement entourés d’un certain flou, puisqu’une immunité de groupe ne peut se calculer qu’à l’aide d’un dépistage massif. Mais ces premiers résultats et estimations tendent tout de même à montrer qu’il ne faut pas vraiment compter sur une immunité de groupe pour réfléchir à la stratégie de déconfinement, car le pourcentage restera de toute façon bien en dessous de 50 % pour un grand nombre de mois encore — et les pays ne pourront pas rester confinés aussi longtemps. Le flou perdure sur l’immunité et à l’échelle de la pandémie Reste également à déterminer plus précisément le niveau d’immunité qu’apportent les anticorps contre le nouveau coronavirus. Une limitation que met en exergue un biostatisticien dans le Wall Street Journal : « Il n’est pas prudent de considérer que si l’on est testé positif à un test aux anticorps, alors on est forcément immunisé et l’on peut retourner au travail. » Il perdure effectivement un débat scientifique sur la possibilité d’être réinfecté après avoir déjà été malade une première fois, de manière symptomatique ou asymptomatique. Des cas de personnes redétectées positives une seconde fois à Covid-19 ont bel et bien été enregistrés. Cela dit, beaucoup de chercheurs pensent qu’il s’agit surtout de personnes qui n’étaient pas encore totalement guéries, et dont le code génétique du coronavirus perdurait donc encore dans leur corps. Aujourd’hui, cela reste tout de même l’explication la plus probable. D’ailleurs, les données issues des recherches d’anticorps à Wuhan ne sont pas sans comporter une deuxième information. Les données rapportées par le Wall Street Journal montrent qu’environ 2 % des groupes ont développé des anticorps. Or, à Wuhan, 50 008 cas ont été confirmés. Cela représente 0,45 % de la population, pas 2 %. Ce décalage pourrait pointer l’ampleur réelle de l’épidémie, et notamment la part de personnes infectées de manière asymptomatique. Pour tout comprendre à l'épidémie du Crédit photo de la une : Pixabay Partager sur les réseaux sociaux La suite en vidéo Vous aimerez peut-être 11 janvier 2021 11 janvier 2021 07 janvier 2021 05 janvier 2021 Sciences : les dernières actualités il y a 9 minutes il y a 4 heures il y a 5 heures il y a 7 heures il y a 22 heures il y a 23 heures Commentaires Pourquoi l’immunité collective ne pourra pas être la clé du déconfinement 3 Commentaires Inline Feedbacks View all comments Fastlink 18 avril 2020 8 h 31 min De premières données issues de Wuhan J’ai arrêté de lire là ^^ 0 SuperJohnson 18 avril 2020 10 h 19 min Je suis d’accord qu’à présent c’est mort pour espérer une immunité de groupe en France avant un gros bail… par contre si on prend un peu de recul sur ce qui s’est passé, quelques points : Les politiques de destruction de l’hôpital public depuis 30 ans (Macron qui dit merci aux soignants vraiment c’est d’un cynisme…) ont complètement pourri notre capacité à encaisser un flux de cas graves. Pour l’info, on est montés jusqu’à 7% de mortalité contre 1,5% en Allemagne par exemple. Notre système de santé “modèle” est bel et bien enterré par les politiques d’Austérité, et depuis longtemps. Si on avait un système hospitalier correct comme en Allemagne, on pourrait facilement encaisser deux à trois fois plus de malades au même moment. Tout est question de dosage du confinement et des mesures de distanciation : en appliquant des mesures plus ou moins strictes on peut accélérer ou ralentir la vitesse de propagation du virus. Si on part du principe qu’en confinement, 10% de la population a été infectée en 1 mois, on pourrait imaginer qu’avec un système hospitalier capable d’encaisser 2 à 3x plus, en 3 mois dont un mois déconfinés avec distanciation sociale, c’est plié on a nos 60%. D’une manière plus générale, à chaque fois qu’on détruit un système public, et en particulier si ça touche à la santé, on détruit des vies. Le point positif de cette épidémie c’est peut-être au moins d’avoir rendu ça plus palpable dans la tête des gens… Ils arrêteront p’tet de voter pour des cons, qui sait? 0 alf6 21 avril 2020 14 h 58 min Il faudrait vraiment arrêter de tirer dans votre titres des conclusions hâtives comme ici “Pourquoi l’immunité collective ne pourra pas être la clé du déconfinement” (le 17 avril sur l’étude chinoise) et aussi “l’Institut Pasteur balaie l’immunité collective comme solution” (21 avril, sur l’étude française), car ce sont, à chaque fois, des interprétations erronées des conclusions de ces 2 études. Ce que ces 2 études disent, factuellement, c’est que, en Chine comme en France (et dans tous les autres pays d’ailleurs – l’Imperial College avait fait une étude début avril), le taux d’immunisés est encore très loin d’avoir atteint le seuil d’immunité collective. Mais ça ne signifie absolument pas que l’immunité collective ne puisse pas être une part importante de la solution à terme. En particulier, la solution de déconfinement différencié par foyers de tranches d’âges utilisant une immunité collective progressive est une solution bien plus rationnelle que de réouvrir les écoles en vrac, et/ou de compter sur une application “Stop Covid” qui arrivera trop tard et n’atteindra pas le taux de couverture qui la rendrait utile. 0 En cours ( 6 min) : Pourquoi l’immunité collective ne pourra pas être la clé du déconfinement Nous suivre sur les réseaux Je pense que ce sont les gens qui guident les entreprises technologiques car dans une telle entreprise, ce qui compte reste toujours ce qu’il faudra faire ensuite. Marissa Mayer Insert Vous allez envoyer un mail à Envoyer Déplacer commentaire Déplacer (autre article)