Les Fonds de recherche du Québec et le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs. Auteur : – Maxime Bilodeau Le concept d’immunité collective est plus que jamais évoqué, alors que s’amorce le déconfinement dans plusieurs pays. Et il sera souvent évoqué dans les prochains mois. C’est le moment de faire le tri entre ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas. On définit par immunité collective, ou immunité de groupe, le moment où une population aurait atteint une immunité « naturelle » face au virus : autrement dit, si les gens, en grande majorité, ont été infectés une fois, le virus ne pourrait plus, en théorie, continuer de se propager. Cette immunité de groupe peut aussi survenir si une population est vaccinée contre un virus. Une fois infectée par le nouveau coronavirus, une personne est immunisée ? Toutefois, dans le cas du nouveau coronavirus, il y a un bémol face à cette notion d’immunité collective. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) à la fin-avril que rien ne prouve pour l’instant que les gens guéris de la Covid-19 et qui ont développé des anticorps sont protégés en cas de réinfection. Il est donc d’autant plus hasardeux de baser une stratégie de déconfinement graduel sur cette idée, comme le font certains pays . Récemment toutefois, une étude chinoise démontrait qu’il semble y avoir une bonne réponse immunitaire chez les patients guéris de la Covid-19. Et une étude américaine , mais qui n’a pas encore été révisée, signale que sur quelques centaines de personnes infectées par le SARS-CoV-2 en février, on pouvait détecter les anticorps chez 99% d’entre elles quelques semaines plus tard. Cette dernière étude se poursuit avec une cohorte plus large de gens. Si on se base sur des études antérieures réalisées auprès de patients atteints du SARS-CoV-1 —le virus responsable du SRAS en 2003— la durée de cette immunisation . Sans vaccin, il est possible d’atteindre l’immunité collective ? Ces études laissent croire qu’il serait possible de laisser le SARS-CoV-2 circuler librement dans la population pour que celle-ci développe des barrières immunitaires. Au bout d’un certain temps, le virus ne trouverait plus assez d’hôtes à infecter et finirait par disparaître — museler l’épidémie ne nécessiterait alors aucun vaccin. Cette stratégie est néanmoins risquée ; dans le cas du nouveau coronavirus, on estime que, si le facteur de contagion était de 3 (chaque personne en infecte en moyenne 3 autres), il faudrait qu’environ soit immunisée, naturellement ou par un vaccin, pour qu’il puisse y avoir immunité collective. Or, comme les quelques rares études fragmentaires mentionnent un pourcentage de gens déjà infectés qui serait inférieur à 5%, les autorités de santé publique préfèrent et attendre la mise au point d’un vaccin. La Suède serait en passe d’atteindre l’immunité collective contre la Covid-19 ? À la fin avril, sur les ondes , l’ambassadrice de Suède aux États-Unis prétendait que Stockholm atteindrait « un certain niveau d’immunité » d’ici un mois. Environ 30 % des habitants de la capitale du pays auraient déjà été infectés par le nouveau coronavirus, avançait-elle. Coïncidence : peu après, un haut dirigeant de l’OMS a que « si nous voulons revenir à une nouvelle normalité, la Suède constitue un modèle pour le futur », renforçant ainsi l’idée que l’approche du pays scandinave, qui a laissé ouverts ses commerces et laissé les personnes circuler librement, serait la bonne. Toutefois, il faut souligner que là-bas, comme partout ailleurs, on ignore le pourcentage exact de la population qui doit être infectée pour atteindre cet objectif. Et que dans tous les cas, il est impossible d’arriver à un pourcentage élevé de gens contaminés sans accepter un nombre relativement élevé de morts. Les tests pour détecter les anticorps sont fiables ? Si on ignore quel pourcentage de la population a été infectée, et si on est d’ores et déjà capable de détecter les anticorps qu’un individu a créé en réaction à une infection au SRAS-CoV-2, la logique semble être de faire passer des tests à grande échelle pour détecter ces anticorps —ce qu’on appelle des tests sérologiques. Selon une , plus de 200 tests sérologiques seraient actuellement disponibles ou en développement. Du lot, seulement 12 de ces tests sont , l’équivalent aux États-Unis de Santé Canada. Ce faible nombre s’explique par leur fiabilité douteuse. Leur sensibilité, c’est-à-dire le fait de ne pas avoir de diagnostic erroné, varierait de 53 à 89 %, , donc pas encore révisée par les pairs. Une rapporte des résultats à peine meilleurs, et basés sur un petit échantillon de 30 personnes. Voir aussi Impacts de la recherche Socialisons ! Restons en contact Consultez aussi Dernière mise à jour : Avril 2016 © Gouvernement du Québec, 2016