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Deux hommes, âgés de 36 et 27 ans, dont l'un proche de la mouvance
néonazie, ont été mis en examen lundi 23 janvier dans l'affaire de la
profanation du cimetière juif de Herrlisheim (Haut-Rhin) où 127 tombes
avaient été souillées par des inscriptions néonazies et antisémites en
avril 2004.
Les deux hommes, un agent de sécurité de Kaysersberg (Haut-Rhin), âgé
de 36 ans, et un homme de 27 ans sans profession, originaire de
Soulzmatt (Haut-Rhin) ont été mis en examen pour profanation de
sépulture, dégradation d'un cimetière et de biens d'utilité publique,
apologie de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité et
incitation à la haine raciale, a indiqué le procureur de la République
de Colmar, Pascal Schultz. L'agent de sécurité, a-t-il précisé, a
également été mis en examen et écroué pour tentative de meurtre contre
un <HAP2>Marocain</HAP2> de 65 ans, blessé lors de l'explosion de son cabanon de
jardin à Rouffach (Haut-Rhin) en septembre 2005. L'explosion avait été
revendiquée auprès de deux quotidiens régionaux par un groupuscule
néonazi inconnu, se présentant comme la "branche armée de
l'Ordensstadt".
Une personne avait déjà été mise en examen le 15 décembre 2004 dans
l'affaire de la profanation du cimetière de Herrlisheim, qui avait
suscité une vague d'indignation à travers la France : il s'agissait de
Lionel Lezeau, un bûcheron de 24 ans, membre du Front national.
Les enquêteurs ont dès le départ eu la conviction que les faits
avaient été commis par plusieurs personnes tandis que les experts
graphologues avaient fait état d'au moins quatre "scripteurs".
AGENT DE SÉCURITÉ
"Les investigations menées sur l'affaire du cabanon de Rouffach nous
ont permis de confondre deux auteurs de la profanation de
Herrlisheim", a précisé le procureur de Colmar. Il a expliqué que
l'agent de sécurité, mis en examen et écroué dès le 14 janvier pour la
tentative de meurtre à Rouffach "avec la circonstance aggravante que
les faits ont été commis dans un cadre racial" avait reconnu, lors de
son interrogatoire, avoir participé à la profanation du cimetière de
Herrlisheim avec deux complices.
L'agent de sécurité, que M. Schultz a présenté comme un "raciste, même
s'il affirme n'appartenir à aucun mouvement", utilisait le nom de code
"TIWAZ 2882", une allusion à l'armée du Reich, ce qui avait mis les
enquêteurs sur la piste de Herrlisheim. Il a également "reconnu les
faits" pour ce qui est de l'explosion du cabanon de jardin de Benamar
Lhabib, le 8 septembre 2005 à Rouffach. Un engin explosif, relié à une
pile et commandé par l'ouverture de la porte, avait blessé le
<HAP2><HAP1-et-2>propriétaire</HAP1-et-2></HAP2> du cabanon, notamment aux yeux, aux bras et au visage.
Un autre homme de 25 ans, sans profession, originaire de Reguisheim
(Haut-Rhin), a également été mis en examen et écroué le 14 janvier
dans l'enquête sur cette explosion. De nouveaux interrogatoires
devraient avoir lieu prochainement pour déterminer son implication
éventuelle dans la profanation des sépultures. "Il pourrait être le
deuxième complice mentionné par l'agent de sécurité, mais sa
culpabilité n'est pour l'instant pas établie", a indiqué M. Schultz.
Suspendu du Front national après sa mise en examen, Lionel Lezeau, qui
nie les faits qui lui sont reprochés, avait pour sa part été remis en
liberté à l'issue de sa détention provisoire et placé sous contrôle
judiciaire en avril 2005.