§ <MOIS=" 200601"><JOUR=" 20060118"><HEURE="2006011815"> Près de deux ans après le départ en exil de l'ancien président, Jean-Bertrand Aristide, et à la veille d'élections quatre fois reportées avant d'être fixées au 7 février, les Haïtiens sombrent dans la peur et la confusion. " Surtout ne descendez pas vers la mer, les bandits s'approchent parfois de l'aéroport", conseille le loueur de voitures. La route qui descend mène à Cité Soleil, le plus vaste bidonville de Port-au-Prince, où deux casques bleus jordaniens ont été tués, mardi 17 janvier, par les tirs d'un gang de ce bidonville, qui sert de refuge aux partisans armés de l'ancien président et aux trafiquants. Parfois tout juste adolescents, drogués au crack, les "soldats" des gangs disposent d'une vaste panoplie d'armes de guerre. " Depuis décembre, on est reparti dans un cycle de violence insensé", confirme Ali Besnaci, le chef de mission de Médecins sans frontières à Port-au-Prince. Dans une grande maison jaune, MSF a improvisé un centre de soins pour les victimes de ces violences. " En octobre 2005, nous avions reçu 68 blessés par balles, en décembre, 122. De Cité Soleil, mais aussi de Martissant et d'autres quartiers, toute la ville est sous tension", ajoute-t-il. A la guérilla urbaine sporadique que mènent les bandes armées s'est ajoutée une recrudescence des enlèvements, qui touchent toutes les classes sociales et n'épargnent plus les étrangers. Parmi les personnes kidnappées, certaines ont été torturées et assassinées, d'autres libérées après paiement de rançons. Selon le chef de la police, Mario Andrésol, des trafiquants de drogue colombiens, des responsables politiques et des policiers sont impliqués dans ces enlèvements. " A peu près les trois quarts des kidnappings dans la région de Port-au-Prince sont le fait de gangs qui se réclament du président déchu. Dans certains cas, des hommes d'affaires, comme Stanley Handal, se sont lancés dans cette activité lucrative avec des policiers corrompus", affirme Pierre Espérance, qui dirige une organisation de défense des droits de l'homme. " Le chef de la police s'efforce d'épurer l'institution, mais la corruption de la justice favorise l'impunité. Des criminels arrêtés par la police achètent leur liberté", poursuit-il. Face au nouveau déferlement de violences, le patronat et les groupes anti-Aristide dénoncent" la passivité" de la Mission de stabilisation des Nations unies(Minustah), qui compte 7 000 militaires et près de 2 000 policiers. A leur appel, une grève générale a paralysé le pays le 9 janvier et plusieurs centaines de manifestants ont participé à un sit-in face au siège de la Minustah, une semaine plus tard. " Dans ce climat de peur, la population de Cité Soleil ne pourra pas voter librement", craint André Apaid, un chef d'entreprise devenu porte-parole du" Groupe des 184", un rassemblement d'organisations de la société civile. Réginald Boulos, le président de la chambre de commerce, et "Andy" Apaid concentrent leurs critiques sur le Chilien Juan Gabriel Valdés, représentant du secrétaire général de l'ONU, et sur René Préval, qui fut président d'Haïti de 1995 à 2000. En tête de la course à la présidence, M. Préval a été proche d'Aristide avant de s'en éloigner. Accusé par M. Apaid de recevoir l'appui de certains chefs de gang, M. Préval se dit victime d'une" campagne de dénigrement et d'accusations sans fondement". Quant à M. Valdés, on lui reproche de ne pas assumer" la responsabilité politique" de l'insécurité. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a condamné" cette campagne de diffamation", relayée par la radio. Les zones d'ombre entourant la mort du général brésilien Urano Teixeira da Matta Bacellar, le commandant des casques bleus, alimentent les rumeurs. Si la thèse du suicide a été confirmée par les Nations unies et par la mission d'enquête venue de Brasilia, ses éventuelles raisons n'ont pas été rendues publiques. La veille de sa mort, le général Bacellar avait participé à une réunion houleuse, au cours de laquelle un représentant du secteur privé l'avait sommé de lancer" des opérations chirurgicales" pour en finir avec les gangs de Cité Soleil. " Il y a un problème jordanien d'obéissance aux ordres du commandement brésilien", confient des sources haïtiennes et étrangères. Fort de 1 518 soldats, le contingent jordanien est déployé autour de Cité Soleil. Selon des témoignages de victimes d'enlèvements, des casques bleus postés aux points d'entrée du bidonville auraient fait preuve de"connivence" avec les ravisseurs. Des bruits font état de ventes d'armes par des soldats de l'ONU. " Ces rumeurs sont sans fondement et relèvent de la campagne de désinformation contre la Minustah menée par des secteurs qui veulent retarder ou empêcher les élections", réplique David Wimhurst, porte-parole de la Minustah.
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§ <MOIS=" 200601"><JOUR=" 20060118"><HEURE="2006011817"> Près de deux ans après le départ en exil de l'ancien président, Jean-Bertrand Aristide, et à la veille d'élections quatre fois reportées avant d'être fixées au 7 février, les Haïtiens sombrent dans la peur et la confusion. " Surtout ne descendez pas vers la mer, les bandits s'approchent parfois de l'aéroport", conseille le loueur de voitures. La route qui descend mène à Cité Soleil, le plus vaste bidonville de Port-au-Prince, où deux casques bleus jordaniens ont été tués, mardi 17 janvier, par les tirs d'un gang de ce bidonville, qui sert de refuge aux partisans armés de l'ancien président et aux trafiquants. Parfois tout juste adolescents, drogués au crack, les "soldats" des gangs disposent d'une vaste panoplie d'armes de guerre. " Depuis décembre, on est reparti dans un cycle de violence insensé", confirme Ali Besnaci, le chef de mission de Médecins sans frontières à Port-au-Prince. Dans une grande maison jaune, MSF a improvisé un centre de soins pour les victimes de ces violences. " En octobre 2005, nous avions reçu 68 blessés par balles, en décembre, 122. De Cité Soleil, mais aussi de Martissant et d'autres quartiers, toute la ville est sous tension", ajoute-t-il. A la guérilla urbaine sporadique que mènent les bandes armées s'est ajoutée une recrudescence des enlèvements, qui touchent toutes les classes sociales et n'épargnent plus les étrangers. Parmi les personnes kidnappées, certaines ont été torturées et assassinées, d'autres libérées après paiement de rançons. Selon le chef de la police, Mario Andrésol, des trafiquants de drogue colombiens, des responsables politiques et des policiers sont impliqués dans ces enlèvements. " A peu près les trois quarts des kidnappings dans la région de Port-au-Prince sont le fait de gangs qui se réclament du président déchu. Dans certains cas, des hommes d'affaires, comme Stanley Handal, se sont lancés dans cette activité lucrative avec des policiers corrompus", affirme Pierre Espérance, qui dirige une organisation de défense des droits de l'homme. " Le chef de la police s'efforce d'épurer l'institution, mais la corruption de la justice favorise l'impunité. Des criminels arrêtés par la police achètent leur liberté", poursuit-il. "PASSIVITÉ" DE L'ONU Face au nouveau déferlement de violences, le patronat et les groupes anti-Aristide dénoncent" la passivité" de la Mission de stabilisation des Nations unies(Minustah), qui compte 7 000 militaires et près de 2 000 policiers. A leur appel, une grève générale a paralysé le pays le 9 janvier et plusieurs centaines de manifestants ont participé à un sit-in face au siège de la Minustah, une semaine plus tard. " Dans ce climat de peur, la population de Cité Soleil ne pourra pas voter librement", craint André Apaid, un chef d'entreprise devenu porte-parole du" Groupe des 184", un rassemblement d'organisations de la société civile. Réginald Boulos, le président de la chambre de commerce, et "Andy" Apaid concentrent leurs critiques sur le Chilien Juan Gabriel Valdés, représentant du secrétaire général de l'ONU, et sur René Préval, qui fut président d'Haïti de 1995 à 2000. En tête de la course à la présidence, M. Préval a été proche d'Aristide avant de s'en éloigner. Accusé par M. Apaid de recevoir l'appui de certains chefs de gang, M. Préval se dit victime d'une" campagne de dénigrement et d'accusations sans fondement". Quant à M. Valdés, on lui reproche de ne pas assumer" la responsabilité politique" de l'insécurité. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a condamné" cette campagne de diffamation", relayée par la radio. Les zones d'ombre entourant la mort du général brésilien Urano Teixeira da Matta Bacellar, le commandant des casques bleus, alimentent les rumeurs. Si la thèse du suicide a été confirmée par les Nations unies et par la mission d'enquête venue de Brasilia, ses éventuelles raisons n'ont pas été rendues publiques. La veille de sa mort, le général Bacellar avait participé à une réunion houleuse, au cours de laquelle un représentant du secteur privé l'avait sommé de lancer" des opérations chirurgicales" pour en finir avec les gangs de Cité Soleil. " Il y a un problème jordanien d'obéissance aux ordres du commandement brésilien", confient des sources haïtiennes et étrangères. Fort de 1 518 soldats, le contingent jordanien est déployé autour de Cité Soleil. Selon des témoignages de victimes d'enlèvements, des casques bleus postés aux points d'entrée du bidonville auraient fait preuve de"connivence" avec les ravisseurs. Des bruits font état de ventes d'armes par des soldats de l'ONU. " Ces rumeurs sont sans fondement et relèvent de la campagne de désinformation contre la Minustah menée par des secteurs qui veulent retarder ou empêcher les élections", réplique David Wimhurst, porte-parole de la Minustah.
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