§ <MOIS=" 200601"><JOUR=" 20060118"><HEURE="2006011813"> La commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'affaire de pédophilie d'Outreau a commencé, mercredi 18 janvier, les auditions de treize personnes acquittées après de longues périodes de détention. Il s'agit de ses premières auditions publiques, après plusieurs jours d'un huis clos dénoncé par les acquittés, leurs avocats, les deux principaux syndicats de magistrats et même certains des trente députés membres de cette commission. Six acquittés ont pris place dans la salle, mercredi matin, les sept autres devant être entendus dans l'après-midi. Le président socialiste de la commission, André Vallini, a exprimé son" émotion face au drame subi" par ces personnes, et estimé qu'"il nous incombe d'en tirer les leçons pour éviter qu'un tel drame ne se reproduise". Pierre Martel, acquitté lors du premier procès de Saint-Omer en 2004, après deux ans et demi de prison, a été le premier à parler. Il a dénoncé une" instruction menée uniquement à charge et pas de présomption d'innocence, uniquement de culpabilité". " Le juge aurait dû avoir dès le départ des doutes" a déclaré ce chauffeur de taxi de 57 ans, qui n'a vu le magistrat instructeur que quatre fois, dont deux entrevues de quelques minutes, de pure procédure. " ABSURDITÉ DES ACCUSATIONS" M. Martel a notamment rappelé que deux des quatre personnes qui l'accusaient étaient revenues sur leurs déclarations et a aussi évoqué une lettre de Thierry Delay disant que sa femme Myriam, personnage principal de cette affaire, " accusait des innocents". " On n'en a jamais entendu parler. ( Le juge Burgaud) est encore passé à côté de la recherche de la vérité", a-t-il dit. Pierre Martel a aussi évoqué les dix-huit courriers autant de"signaux d'alarmes" adressés au juge Burgaud, au ministre de la justice et au chef du gouvernement d'alors, Dominique Perben et Jean-Pierre Raffarin, ainsi qu'au président Jacques Chirac. " Tous ces appels à l'aide n'ont pas été entendus à l'époque. Nous étions considérés comme des monstres", a-t-il dit. L'abbé Dominique Wiel, acquitté lors du second procès, a ensuite affirmé que" le juge Burgaud savait que l'aîné des enfants Delay mentait dès le début" , parce qu'il avait affirmé que son beau-père avait violé sa fille, ce qui s'est révélé médicalement faux. Cet homme de 68 ans, qui a subi trente mois d'incarcération, a aussi dénoncé" l'absurdité des accusations" de viol portées contre lui et le" charabia des psychologues" qui avaient repéré des traits d'abuseur sexuel chez la plupart des accusés. " PAS DE PROCÈS ANTI-JUGE" La commission, chargée de réfléchir sur les dysfonctionnements de la justice, doit remettre son rapport en juin, où elle pourra proposer des réformes. Deux thèses s'affrontent dans ce dossier: celle d'une responsabilité personnelle des magistrats, notamment de Fabrice Burgaud, et celle d'une défaillance du système dûe à des problèmes de procédure. Dans une interview à L'Express de mercredi, le juge Burgaud estime" avoir rempli sa mission honnêtement" et assure que" ce serait une solution de facilité de présenter des excuses". Interrogée par plusieurs médias, Sabine Mariette, conseillère à la cour d'appel de Douai, a nié, elle aussi, toute responsabilité, mais estime que si les audiences avaient été publiques, les décisions de la chambre de l'instruction auraient peut-être été différentes. Les acquittés reprochent à cette instance d'avoir repoussé sans examen sérieux des centaines de demandes d'actes et de remise en liberté( 112 en trente mois pour Dominique Wiel, par exemple) Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice et membre de la commission en tant que député PS, a déclaré à la presse qu'elle n'entend pas" entrer dans le procès anti-juge Burgaud, anti-juge d'instruction". Ces auditions sont retransmises intégralement par la chaîne parlementaire LCP-Assemblée nationale avec environ un quart d'heure de décalage, dû à l'obligation de protéger l'identité des mineurs lorsque leur nom sera cité, ainsi que sur le(1) site Internet de l'Assemblée.
|
§ <MOIS=" 200601"><JOUR=" 20060118"><HEURE="2006011814"> La commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'affaire de pédophilie d'Outreau a commencé, mercredi 18 janvier, les auditions de treize personnes acquittées après de longues périodes de détention. Il s'agit de ses premières auditions publiques après plusieurs jours d'un huis clos dénoncé par les acquittés, leurs avocats, les deux principaux syndicats de magistrats et même certains des trente députés membres de cette commission. Six acquittés ont pris place dans la salle, mercredi matin, les sept autres devant être entendus dans l'après-midi. Le président socialiste de la commission, André Vallini, a exprimé son" émotion face au drame subi" par ces personnes. "Il nous incombe d'en tirer les leçons pour éviter qu'un tel drame se reproduise", a-t-il estimé. Pierre Martel, acquitté lors du premier procès de Saint-Omer en 2004, après deux ans et demi de prison, a été le premier à parler. Il a dénoncé une" instruction menée uniquement à charge et pas de présomption d'innocence, uniquement de culpabilité". " Le juge aurait dû avoir dès le départ des doutes", a déclaré ce chauffeur de taxi de 57 ans, qui n'a vu le magistrat instructeur que quatre fois, dont deux entrevues de quelques minutes, de pure procédure. " ABSURDITÉ DES ACCUSATIONS" M. Martel a notamment rappelé que deux des quatre personnes qui l'accusaient étaient revenues sur leurs déclarations et aussi évoqué une lettre de Thierry Delay disant que sa femme Myriam, personnage principal de cette affaire, " accusait des innocents". " On n'en a jamais entendu parler. ( Le juge Burgaud) est encore passé à côté de la recherche de la vérité", a-t-il dit. Pierre Martel a aussi évoqué les dix-huit courriers autant de"signaux d'alarme" adressés au juge Burgaud, au ministre de la justice et au chef du gouvernement d'alors, Dominique Perben et Jean-Pierre Raffarin, ainsi qu'au président Jacques Chirac. " Tous ces appels à l'aide n'ont pas été entendus à l'époque. Nous étions considérés comme des monstres", a-t-il dit. L'abbé Dominique Wiel, acquitté lors du second procès, a ensuite affirmé que" le juge Burgaud savait que l'aîné des enfants Delay mentait dès le début" , parce qu'il avait affirmé que son beau-père avait violé sa fille, ce qui s'est révélé médicalement faux. Cet homme de 68 ans, qui a subi trente mois d'incarcération, a aussi dénoncé" l'absurdité des accusations" de viol portées contre lui et le" charabia des psychologues" qui avaient repéré des traits d'abuseur sexuel chez la plupart des accusés. " PAS DE PROCÈS ANTI-JUGE" La commission, chargée de réfléchir sur les dysfonctionnements de la justice, doit remettre son rapport en juin, où elle pourra proposer des réformes. Deux thèses s'affrontent dans ce dossier: celle d'une responsabilité personnelle des magistrats, notamment de Fabrice Burgaud, et celle d'une défaillance du système due à des problèmes de procédure. Dans une interview à L'Express de mercredi, le juge Burgaud estime" avoir rempli sa mission honnêtement" et assure que" ce serait une solution de facilité de présenter des excuses". Interrogée par plusieurs médias, Sabine Mariette, conseillère à la cour d'appel de Douai, a nié, elle aussi, toute responsabilité, mais estime que si les audiences avaient été publiques, les décisions de la chambre de l'instruction auraient peut-être été différentes. Les acquittés reprochent à cette instance d'avoir repoussé sans examen sérieux des centaines de demandes d'actes et de remise en liberté( 112 en trente mois pour Dominique Wiel, par exemple). Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice et membre de la commission en tant que députée PS, a déclaré à la presse qu'elle n'entend pas" entrer dans le procès anti-juge Burgaud, anti-juge d'instruction". Ces auditions sont retransmises intégralement par La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale avec environ un quart d'heure de décalage, dû à l'obligation de protéger l'identité des mineurs lorsque leur nom sera cité, ainsi que sur le(1) site Internet de l'Assemblée.
|