§ <MOIS=" 200602"><JOUR="20060227"><HEURE="2006022716"> Après New York et Londres, les collections de prêt-à-porter de l'hiver 2006-2007 ont fait escale à Milan, avec une centaine de défilés organisés entre le 18 et le 25 février. Parmi les nouveautés attendues, le premier défilé femme de Raf Simons chez Jil Sander, de Matthew Williamson chez Emilio Pucci et la collection de Viktor & Rolf pour le spécialiste des vêtements de pluie Allegri. De Jennifer Lopez chez Dolce & Gabbana à la strip-teaseuse Dita von Teese, qui a ouvert le défilé Moschino Cheap & Chic avant de rejoindre son très gothique mari Marilyn Manson assis au premier rang, la surenchère de"people" n'a pas réussi à masquer le peu de dynamisme des propositions. Comme si par-delà les difficultés économiques - le chiffre d'affaires de l'industrie textile italienne a enregistré une baisse de 3, 5 % en 2005 -, la mode reflétait un certain repli identitaire. Sortie des tendances depuis quelques saisons, l'austérité minimaliste revient dans le sillage de Raf Simons chez Jil Sander. Dans une palette qui décline toutes les nuances de gris et de beige, les longueurs cultivent les extrêmes jusque chez la romantique Alberta Ferretti et ses tailleurs jupes balayant le sol. A quelques jours de l'inauguration à Anvers d'une rétrospective consacrée à Yohji Yamamoto, on retrouve ici et là les allusions au couturier japonais et ses silhouettes tracées au pinceau. Comme chez Brioni le tailleur des Abruzzes qui a confié sa ligne femme à l'Espagnole Cristina Ortiz. Créatrice de Lanvin de 1997 à 2001, elle réaffirme son goût pour l'architecture au fil de robes noires aux accents muglériens. Des variations monochromes effacent les imprimés colorés chez Marni qui va jusqu'à assortir les collants gris bientôt incontournables aux escarpins du même tissu, avec des mélanges masculins féminins: pantalon large en laine, chemise en popeline et boléro manches trois quarts. On ne compte plus les longues robes du soir, qui privilégient de lourdes matières d'hiver aux mousselines évanescentes, comme celles en flanelle drapée de Tomas Maier pour Bottega Veneta. JO de Turin obligent, la tendance ski s'invite en ville, illustrée par la forêt de sapins de Fay et le final sous la neige du défilé D & G. Parkas et doudounes réchauffent l'hiver en version sport couture chez Moncler ou poids plume chez Jil Sander et Prada. Les teintes givrées, les mailles moelleuses( Emilio Pucci, D & G, Sportmax), les robes de patineuses en laine côtelée, aperçues chez Just Cavalli au milieu d'escort-girls aux allures japonisantes, rappellent le Megève des Liaisons dangereuses de Roger Vadim. Dans la foulée de Stefano Pilati( Yves Saint Laurent), les bottes fourrées à semelles compensées en gomme(Bally) talonnent les après-ski dignes des Bronzés. Les formes et les matières se veulent rassurantes et jouent la protection rapprochée. D'où ces manteaux qui s'allongent et prennent de l'ampleur: les plus beaux ont défilé chez Max Mara, Jil Sander ou Bottega Veneta et ses modèles en cachemire taupe aux manches retroussées. Sauvage chez Prada ou Philosophy d'Alberta Ferretti avec des allusions aux panoplies de Jimmy Hendrix, la fourrure se drape dans une opulence baroque chez Fendi et surtout Roberto Cavalli, adepte d'un luxe cossu évoquant Léon Bakst et les Ballets russes. On la retrouve sur les accessoires, comme ce sac Ferragamo en vison dans une cage de métal. De Ferre à Etro, velours et brocart tempèrent aussi la tentation minimaliste. De jour comme de nuit, l'esthétique rock n'a pas fini d'inspirer les créateurs à grand renfort d'imprimés panthère(Gucci, Prada, Sportmax), qui s'invitent aussi sur les chaussures( Tod's, Sergio Rossi, Jimmy Choo), tandis que Hogan équipe un sac de sangles de guitare. Sur les traces de Burberry, certains explorent d'autres aspect du style britannique, comme Dsquared, qui recycle les tenues de lord sexy de son défilé homme ou Moschino et son escorte de garçons en kilt. Dans cette saison de transition tiraillée entre glamour et minimalisme, les bottines lacées fétichistes et les escarpins pointus tentent de détrôner les plates-formes aux lignes arrondies. C'est d'ailleurs du côté des accessoires qu'il faut chercher le plus d'audace, à l'image des souliers sculptures de Sergio Rossi aux talons en Plexiglas d'ameublement. Autant d'expressions d'un artisanat virtuose, comme Bottega Veneta, qui décline son tressage jusque dans l'or ciselé main de sa nouvelle collection de joaillerie. _________________________________________________________________ Légendes photos De gauche à droite et de haut en bas : par-delà l'anecdote d'un casque orné de fourrure, Miuccia Prada a signé l'une des collections les plus cohérentes de la semaine milanaise, en mariant austérité et féminité dans ses panoplies urbaines ; les lignes acérées et le dépouillement monacal de Raf Simons, qui a présenté son premier défilé femme pour Jil Sander ; sur la Romaine Maria-Carla aux cheveux péroxydés, une mini-robe en jersey or et un gilet en fourrure imaginés par Frida Giannini, qui revisite l'esthétique "glamrock" chez Gucci ; les inspirations chinoises d'une veste bordée de volants plissés du défilé Emporio Armani applaudi par l'actrice Zhang Ziyi ; l'hommage du duo Dolce & Gabbana à Joséphine de Beauharnais, avec une robe à taille Empire en mousseline brodée de pierres rubis et un boléro en plumes or sur la belle Snejana ; pour les 150 ans de Burberry, Christopher Bailey retravaille les vêtements emblématiques de la marque, comme cette version cossue du trench, créé à la veille de la première guerre mondiale pour équiper les soldats britanniques ; la décontraction élégante d'une silhouette Marni par Consuelo Castiglioni, avec paletot à manches trois quarts, chemise à pois en popeline et pantalon d'homme.
|
§ <MOIS=" 200602"><JOUR="20060228"><HEURE="2006022809"> Après New York et Londres, les collections de prêt-à-porter de l'hiver 2006-2007 ont fait escale à Milan, avec une centaine de défilés organisés entre le 18 et le 25 février. Parmi les nouveautés attendues, le premier défilé femme de Raf Simons chez Jil Sander, de Matthew Williamson chez Emilio Pucci et la collection de Viktor & Rolf pour le spécialiste des vêtements de pluie Allegri. De Jennifer Lopez chez Dolce & Gabbana à la strip-teaseuse Dita von Teese, qui a ouvert le défilé Moschino Cheap & Chic avant de rejoindre son très gothique mari Marilyn Manson assis au premier rang, la surenchère de"people" n'a pas réussi à masquer le peu de dynamisme des propositions. Comme si par-delà les difficultés économiques - le chiffre d'affaires de l'industrie textile italienne a enregistré une baisse de 3, 5 % en 2005 -, la mode reflétait un certain repli identitaire. Sortie des tendances depuis quelques saisons, l'austérité minimaliste revient dans le sillage de Raf Simons chez Jil Sander. Dans une palette qui décline toutes les nuances de gris et de beige, les longueurs cultivent les extrêmes jusque chez la romantique Alberta Ferretti et ses tailleurs jupes balayant le sol. A quelques jours de l'inauguration à Anvers d'une rétrospective consacrée à Yohji Yamamoto, on retrouve ici et là les allusions au couturier japonais et ses silhouettes tracées au pinceau. Comme chez Brioni le tailleur des Abruzzes qui a confié sa ligne femme à l'Espagnole Cristina Ortiz. Créatrice de Lanvin de 1997 à 2001, elle réaffirme son goût pour l'architecture au fil de robes noires aux accents muglériens. Des variations monochromes effacent les imprimés colorés chez Marni qui va jusqu'à assortir les collants gris bientôt incontournables aux escarpins du même tissu, avec des mélanges masculins féminins: pantalon large en laine, chemise en popeline et boléro manches trois quarts. On ne compte plus les longues robes du soir, qui privilégient de lourdes matières d'hiver aux mousselines évanescentes, comme celles en flanelle drapée de Tomas Maier pour Bottega Veneta. JO de Turin obligent, la tendance ski s'invite en ville, illustrée par la forêt de sapins de Fay et le final sous la neige du défilé D & G. Parkas et doudounes réchauffent l'hiver en version sport couture chez Moncler ou poids plume chez Jil Sander et Prada. Les teintes givrées, les mailles moelleuses( Emilio Pucci, D & G, Sportmax), les robes de patineuses en laine côtelée, aperçues chez Just Cavalli au milieu d'escort-girls aux allures japonisantes, rappellent le Megève des Liaisons dangereuses de Roger Vadim. Dans la foulée de Stefano Pilati( Yves Saint Laurent), les bottes fourrées à semelles compensées en gomme(Bally) talonnent les après-ski dignes des Bronzés. Les formes et les matières se veulent rassurantes et jouent la protection rapprochée. D'où ces manteaux qui s'allongent et prennent de l'ampleur: les plus beaux ont défilé chez Max Mara, Jil Sander ou Bottega Veneta et ses modèles en cachemire taupe aux manches retroussées. Sauvage chez Prada ou Philosophy d'Alberta Ferretti avec des allusions aux panoplies de Jimmy Hendrix, la fourrure se drape dans une opulence baroque chez Fendi et surtout Roberto Cavalli, adepte d'un luxe cossu évoquant Léon Bakst et les Ballets russes. On la retrouve sur les accessoires, comme ce sac Ferragamo en vison dans une cage de métal. De Ferre à Etro, velours et brocart tempèrent aussi la tentation minimaliste. De jour comme de nuit, l'esthétique rock n'a pas fini d'inspirer les créateurs à grand renfort d'imprimés panthère(Gucci, Prada, Sportmax), qui s'invitent aussi sur les chaussures( Tod's, Sergio Rossi, Jimmy Choo), tandis que Hogan équipe un sac de sangles de guitare. Sur les traces de Burberry, certains explorent d'autres aspect du style britannique, comme Dsquared, qui recycle les tenues de lord sexy de son défilé homme ou Moschino et son escorte de garçons en kilt. Dans cette saison de transition tiraillée entre glamour et minimalisme, les bottines lacées fétichistes et les escarpins pointus tentent de détrôner les plates-formes aux lignes arrondies. C'est d'ailleurs du côté des accessoires qu'il faut chercher le plus d'audace, à l'image des souliers sculptures de Sergio Rossi aux talons en Plexiglas d'ameublement. Autant d'expressions d'un artisanat virtuose, comme Bottega Veneta, qui décline son tressage jusque dans l'or ciselé main de sa nouvelle collection de joaillerie.
|