§ <MOIS=" 200602"><JOUR=" 20060204"><HEURE="2006020408"> La publication de caricatures de Mahomet dans la presse de plusieurs pays européens a décuplé la colère des musulmans, qui ont encore manifesté par milliers dans le monde, de Gaza à l'Indonésie. Face à ce tollé, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont appelé, vendredi 3 février, à plus de responsabilité et de respect envers les sentiments religieux, mettant, à des degrés divers, un bémol à leurs discours sur la défense de la liberté de la presse alors que les autorités de Copenhague sont restées fermes sur leurs positions.
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§ <MOIS=" 200602"><JOUR=" 20060204"><HEURE="2006020410"> La publication de caricatures de Mahomet dans la presse de plusieurs pays européens a décuplé la colère des musulmans, qui ont encore manifesté par milliers dans le monde, de Gaza à l'Indonésie. Face à ce tollé, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont appelé, vendredi 3 février, à plus de responsabilité et de respect envers les sentiments religieux, mettant, à des degrés divers, un bémol à leurs discours sur la défense de la liberté de la presse alors que les autorités de Copenhague sont restées fermes sur leurs positions. A l'occasion d'un entretien avec le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, Jacques Chirac "a rappelé que la France, pays de laïcité, respecte toutes les religions et toutes les croyances", selon un communiqué de l'Elysée. "Il a également rappelé que le principe de la liberté d'expression constitue un des fondements de la République." Le président de la République "appelle donc chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure pour éviter tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui", selon la même source. La presse française ne s'est pas censurée dans cette affaire. Plusieurs quotidiens ont reproduit les caricatures publiées d'abord dans un quotidien danois, notamment France Soir et Libération. Des hebdomadaires comme Le Nouvel Observateur ou Charlie Hebdo ont publié ces caricatures ou vont le faire. De l'autre côté de la Manche, la prudence est de mise tant du côté du pouvoir que de la presse. La Grande-Bretagne s'est désolidarisée des pays où les caricatures ont été publiées, jugeant que cela témoignait d'un "manque de respect". "Je pense que la nouvelle publication de ces caricatures n'était pas nécessaire. Elle a été indélicate et témoigne d'un manque de respect", a estimé le ministre des affaires étrangères britannique, Jack Straw, qui juge que les journaux "ont eu tort". "Il y a la liberté de la presse, nous la respectons tous. Mais il n'y a pas d'obligation d'insulter ou d'être gratuitement incendiaire", a-t-il ajouté. M. Straw a rendu hommage à la "responsabilité" et à la "délicatesse" des médias britanniques, dont aucun n'a publié les images, à l'exception de très courts passages dans des journaux télévisés de la BBC et de Channel 4 jeudi. L'Association musulmane de Grande-Bretagne avait appelé les médias à ne pas reproduire ces caricatures, arguant de leur caractère offensant pour les musulmans. "CARICATURES BLESSANTES" Partenaire privilégié de la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ont également condamné ces dessins. "Ces caricatures sont évidemment blessantes pour les croyances des musulmans", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Justin Higgins, en jugeant que "l'incitation à la haine religieuse et ethnique n'est pas acceptable". "Nous appelons à la tolérance et au respect de toutes les communautés, de leurs croyances religieuses et de leurs pratiques", a-t-il dit. "Nous reconnaissons tous et nous respectons complètement la liberté de la presse et de l'expression, mais elle doit s'accompagner de la responsabilité de la presse", a ajouté M. Higgins. Les médias américains ont, dans leur grande majorité, évité de reproduire les caricatures controversées, en faisant valoir leur nature potentiellement blessante, mais ont commencé d'ouvrir le débat sur le sujet. Si plusieurs pays européens cherchent à ménager liberté de la presse et respect des croyances, le Danemark a campé sur ses positions. Le gouvernement est resté ferme en répétant vendredi à tous les ambassadeurs à Copenhague qu'il n'entendait pas transiger sur la liberté d'expression et ne pouvait s'excuser à la place d'un média. "Un gouvernement danois ne peut jamais s'excuser au nom d'un journal libre et indépendant", a lancé le premier ministre, Anders Fogh Rasmussen, à l'issue de la réunion ayant rassemblé 76 ambassadeurs.
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