Bordeaux, De notre envoyé spécial
Au jumping international de Bordeaux, Reynald Angot est un des rares Français à n'avoir gagné aucune épreuve, mais Jean-Maurice Bonneau, l'entraîneur national de saut d'obstacles, fonde de toute évidence de sérieux espoir sur le Normand pour les Jeux olympiques d'Athènes (13-29 août). "Ici, Reynald a fait ce que j'attendais de lui, résumait, samedi 7 janvier, l'entraîneur qui ne dévoilera sa sélection que le 20 juillet. Malgré un début de concours en demi-teinte, il a tout de suite retrouvé les automatismes, la gagne, la subtilité. Je suis assez confiant pour l'avenir".
A 28 ans, Angot affiche un solide palmarès : l'or aux championnats du monde par équipes de 2002 en Espagne, l'argent aux championnats d'Europe en 2003, toujours par équipes. Il était aussi membre de la formation tricolore vainqueur de la Super Ligue la même année. Sa participation à l'étape bordelaise de la Coupe du monde indoor n'était qu'une étape de sa préparation, mais le benjamin de l'équipe de France y a tout de même décroché une prometteuse sixième place à l'issue d'un barrage éblouissant à 15 cavaliers.
L'épreuve qui s'est achevée à minuit, samedi 7 février, devant 4 000 spectateurs a sacré le Brésilien Rodrigo Pessoa qui assurait ainsi sa présence à la finale à Milan (21-25 avril) à laquelle seront conviés 18 meilleurs européens à l'issue des quatorze épreuves de circuit indoor en salle.
La performance bordelaise de Reynald Angot ne le hisse qu'à la 23e place du classement provisoire (il reste quatre épreuves à disputer) mais la finale milanaise n'est pas, pour l'heure, sa préoccupation essentielle. "Si je dois me qualifier, ça se fera dans la facilité. Mais ce n'est pas l'objectif principal. La saison, c'est les Jeux !" affirme-t-il.
S'il assure ne pas trop se focaliser sur l'échéance d'Athènes, le cavalier normand serait extrêmement déçu de manquer le rendez-vous grec : "Il y a eu les championnats du monde, les championnats d'Europe, ce serait logique que, dans la continuité, il y ait les Jeux", lance-t-il.
UN DES MEILLEURS CHEVAUXL'objectif collectif minimal à atteindre est clair dans son esprit. "En ce qui concerne l'équipe, il faudra ramener une médaille", affirme Reynald Angot. S'il ne les affiche pas clairement, par modestie ou par superstition, il ne se cache pas de nourrir également des ambitions individuelles. "Je suis conscient d'avoir les moyens de faire un podium", dit-il.
Il forme, depuis 2002, avec sa monture, Tlaloc, un couple devenu quasi idéal. "A 13 ans, Tlaloc arrive à pleine maturité, explique-t-il. C'est un super cheval qui a toutes les qualités pour obtenir une médaille olympique : il a la force, l'intelligence et le mental. Il fait partie des meilleurs chevaux qu'on a aujourd'hui en France."
Un cheval qui le fait pourtant parfois tourner en bourrique. "Ici, il se montre un peu tête en l'air, à ne pas trop s'occuper de ses obstacles, admettait-il. Il n'est pas encore dans la compétition mais je le connais, tous les ans, il me fait le même cinéma".
Les fantaisies de son cheval ne perturbent pas pour autant le dernier des quatre frères Angot, qui sont tous cavaliers. Même en période de concours, il n'hésite pas à sortir des manèges pour user des clubs de golf qui ne quittent jamais le coffre de sa voiture.
"Il y a pas mal d'épreuves différentes ici, expliquait-il à Bordeaux. Certaines sont réservées aux cavalières, aux jeunes, aux handicapés... Alors on essaie de s'occuper en attendant, mais c'est bien qu'il y ait un tel mélange".
Sur les trois jours que durait le Jumping de Bordeaux, du 6 au 8 février, près d'une vingtaine d'épreuves étaient en effet organisées. Huit d'entre elles étaient internationales, et leur dotation globale, dont un peu moins du tiers revient à chaque vainqueur, oscillait entre 6 000 euros et 85 000 euros pour le Grand Prix Coupe du monde.
Particulièrement en verve, les cavaliers français se sont imposés dans six épreuves. La réunion s'est achevée dimanche après-midi, avec le Grand Prix de Bordeaux, doté de 40 000 euros. Patrice Delaveau, déjà troisième la veille du Grand Prix Coupe du monde, s'est imposé après barrage devant ses compatriotes Michel Robert et Hubert Bourdy.
A l'issue d'un tour d'honneur échevelé où les deux premiers se livraient à des acrobaties devant un public ravi, Jean Maurice Bonneau, l'entraîneur français confiait à voix basse, mais tout sourire : "Je verrais bien la même chose à Athènes !"
Jean-Louis Aragon