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La socialiste Elisabeth Guigou en délicatesse dans sa section de Bondy

UN MÉCHOUI officialisera la rupture. Devant les membres de sa section, réunie dimanche 11 septembre, Gilbert Roger, le maire PS de Bondy (Seine-Saint-Denis), annoncera à tous son intention de quitter la majorité de François Hollande et de rallier le courant Nouveau Parti socialiste (NPS). Mais il a déjà prévenu. Sur son blog, monsieur le maire, jospiniste historique et partisan du oui, explique qu'il " fait le grand saut" pour le congrès du PS, au Mans, le 18 novembre, parce qu'il " trouve plus d'écoute chez celles et ceux qui ont voté non au référendum pour proposer au pays une alternative à la gestion calamiteuse de MM. Chirac, de Villepin et Sarkozy".

La nouvelle est fâcheuse pour le camp de François Hollande. Le transfert de Gilbert Roger, membre du conseil national du PS, risque fort d'entraîner celui d'une majorité de militants bondynois. Or ce n'est pas seulement la plus grosse section du département, avec plus de 200 adhérents, c'est aussi celle d'Elisabeth Guigou, élue députée de la circonscription après la débâcle du 21 avril 2002, grâce à la mobilisation de Gilbert Roger. Mais aujourd'hui l'ancienne ministre, membre de la direction du PS, pourrait se trouver minoritaire dans sa propre section.

Le signal envoyé est rude pour le premier secrétaire et ses amis. Depuis le congrès de Metz, en 1979, Gilbert Roger appartenait à la majorité du PS. Il a toujours soutenu Lionel Jospin contre Laurent Fabius. Il faisait même partie de la commission des résolutions du congrès de Rennes de 1990 - chargée en théorie de trouver les voies d'une synthèse mais devenue le théâtre des déchirements socialistes. Or, là aussi, l'élu bondynois, qui s'est durement affronté avec les fabiusiens du département, et notamment Claude Bartolone, député et maire du Pré-Saint-Gervais, fait le " grand saut". " Certains me demandent de faire le barrage complet à Fabius, il y en a marre, déclare au Monde Gilbert Roger. Il faut sortir du "Tout sauf Fabius˜, et je peux être utile sur ce plan." Après discussions avec tous, et notamment Vincent Peillon, cofondateur de NPS, il a choisi de rejoindre ce courant, " qui facilite les passerelles", convaincu qu'une " majorité alternative est à portée de main".

Furieux de voir figurer sa signature au bas de la contribution présentée par la majorité de François Hollande au début de l'été, il a exigé son retrait. " Il y a du mécontentement, un problème de reconnaissance, mais aussi la volonté de ne pas être à l'avant-garde d'un combat, et je le comprends, soupire Elisabeth Guigou. Et puis Gilbert craint d'être en porte-à-faux avec son électorat." Le 29 mai, 63 % des Bondynois ont voté non, avec des pointes à 75 % dans certains bureaux.

Isabelle Mandraud



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