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CULTURE / IN VINO VERITAS

Goût de bouchon, faut pas pousser trop loin !

In vino veritas / samedi 29 mars 2008 par Jean-Pierre Bacchus
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Recommander à un ennemi

Notre chroniqueur part cette semaine en guerre contre les bouchons en plastiques, qui remplacent subrepticement le liège, pour éviter le goût de bouchon. Halte au zéro défaut !

Amateurs et professionnels du vin le redoutent. Le goût de bouchon est, en effet, l’ennemi le plus sournois des accros du goulot. L’expérience, récemment vécue avec une bouteille - normalement excellentissime - de Ducru-Beaucaillou 1985, Grand Cru Classé de Saint-Julien, plonge dans la plus grande détresse l’hôte enthousiaste à l’idée d’ouvrir une bonne bouteille pour ses copains. Mais elle fait aussi enrager le restaurateur ou le caviste et figure parmi les principaux casse-tête du vigneron.

Ce défaut, qui s’explique par la trop grande présence d’une molécule (la trichloroanisol : TCA) dans les bouchons de liège, a longtemps fait partie du folklore. Aujourd’hui, dans l’univers du zéro défaut et du principe de précaution, c’est fini. Plus possible d’accepter un goût de bouchon, qu’il s’agisse de bouteilles à des prix exceptionnels ou pas. Comme le Coca-Cola, l’Orangina ou le Perrier (qui ne risquent pas - eux - d’être bouchonnés), le vin doit se plier à certaines normes de qualité. Qui accepterait en effet que 5 à 10% de la production mondiale de lait présente un défaut olfactif et gustatif ?

C’est pourtant ce qui se passe pour le vin. En France, nombre de cavistes se plaignent - eux - d’avoir de plus en plus souvent 1 bouteille bouchonnée par caisse de 12. Conséquence logique - et un peu dure à avaler - le bouchon de liège se voit doubler, doucement mais sûrement, par son cousin en synthétique et … par la très peu poétique capsule à vis.

Certes, le liège représente encore 66 % des flacons commercialisés sur l’ensemble de la planète. Aux Etats-Unis, le synthétique bouche déjà une bouteille sur deux et la capsule a gagné la partie sur les vins blancs australien et néo-zélandais. En France, quelques grosses maisons, comme Laroche à Chablis, l’ont aussi adopté. Plus cher (jusqu’à 10 centimes contre 7 pour le synthétique et 5 pour la capsule), le bouchon de liège est, en revanche, plus écologique que ses rivaux.

Mais, les fabricants de bouchons en liège n’ont pas dit leur dernier mot. Depuis des années, ils travaillent d’arrache-pied pour éradiquer le TCA, notamment grâce à un traitement au gaz carbonique.

Attaché au gouleyant « plop » qui accompagne l’ouverture de mes flacons préférés, et soucieux de pouvoir reboucher mes bouteilles avec le bouchon d’origine (ce qui relève de l’épreuve sportive avec l’ersatz en synthétique), je suis - il faut l’avouer - à la solde de ce puissant lobby du liège. Sans pour autant accepter des pots-de-vin non bouchonnés des (gentils !) fabricants.


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Forum

  • Goût de bouchon, faut pas pousser trop loin !
    le jeudi 11 décembre 2008 à 11:49
    Bonjour, Vous oubliez un argument majeur dans votre exposé c’est que le bouchage liége est le seul avec l’élevage en barrique à contribuer à ameliorer les qualitéés orgaoleptiques du vin.pour les vins de garde, il apparait donc comme incontournable. le plastique et les capsules ne sont que des obturateurs,certes efficace mais ni écologique ni améliorateur.
  • Goût de bouchon, faut pas pousser trop loin !
    le mercredi 28 mai 2008 à 12:06
    le liège est indispensable à la conservation des vins pour les vins de garde… or tous les vins ne sont pas de garde, comme la grande majorité des vins étrangers, qui doivent se boire rapidement, les vins blancs, rosé et liquoreux. Donc quand on parle d’un sujet, le minimum s’est d’aller se renseigner
  • Goût de bouchon, faut pas pousser trop loin !
    le samedi 12 avril 2008 à 18:14, David Cobbold a dit :

    J’ai du mal à comprendre ceux qui défendent le bouchon liège sur le terrain d’une supposé "poésie" attachée, par le poids d’un passé récent (200 ans environ), à cette mode de fermeture. Il me semble qu’il y a ici une confusion totale entre fond et forme, et que, pour ce qui est de la forme, les modes changent, et changeront encore. Franchement, le moyen d’obturer un flacon de vin m’est totalement égal, du moment où ce vin m’est restitué en parfait état, en tout cas dans le meilleur état possible vu sa naissance et son âge. Je n’attache aucune valeur précise à la forme du flacon, au dessin de l’étiquette, ni au mode de bouchage, même si je ne nie pas l’attraction des aspects physiques d’un habillage. En tout cas, le plaisir d’une bouteille de vin se trouve dans son contenu, pas dans son contenant. Croire que la qualité d’un vin se trouve altéré parce que la fermeture ne fait plus "plop" lorsqu’on la retire me semble d’un conservatisme ridicule, et même d’une absence de bon sens. L’attrait "romantique" d’un vin, s’il faut passer par là, se trouve plus sûrement ailleurs ; dans son histoire, son lieu de production, et dans la personnailité de son producteur. Il faudrait trouver d’autres arguments pour défendre les consommateurs qui se sentent volés (ou simplement décus) parce que leur bouteille, qu’elle coûte 5 ou 500 euros, ne soit pas bonne à cause d’un petit morceau de liège défectueux. Ce n’est surement pas un bruit de "plop" qui va les consoler !

    David Cobbold

  • Goût de bouchon, non merci !
    le vendredi 4 avril 2008 à 09:25, Michel Smith a dit :
    Le bouchon synthétique ou métallique (à vis) a pour vertu principale de protéger le vin. Il le met à l’abri de l’air et ne communique aucun goût "extérieur". Bien décoré, il n’est en rien choquant. On s’y fait vite et il peut même être beau à regarder. Comme JPB, votre chroniqueur qui se cache sous le pseudonyme rétro de Bacchus, j’ai moi-même souvent été choqué, pour ne pas dire scandalisé, de constater que mon vin chéri, celui que j’avais mis de côté pour une grande occasion, avait été complètement gâché par un goût immonde qui le rendait impropre à la consommation. Résultat, comme je suis près de mes sous, je n’achète plus de "grands" vins et je me contente - comme bon nombre de mes amis qui, de toute façon, ne possèdent plus de cave - de zapper d’une propriété à l’autre, variant ainsi mes plaisirs. J’achète beaucoup chez les vignerons bios, principalement en Languedoc Roussillon, mais aussi dans le Sud-Ouest, la Loire ou en Alsace, et je constate que beaucoup se sont tournés vers des méthodes modernes de bouchage. Vivons avec notre époque : à moins d’être riche, de s’offrir des grands crus à 100 € le flacon et de laisser ces vins dormir 20 ans et plus au risque de les voir se désosser ou prendre le risque de polluer leur goût, je préfère le plaisir, celui du vin pur. Mais après tout, on ne peut pas priver les gens de leur mauvais goût. J’ai même vu des convives trouver que mon vin bouchonné était excellent…
  • Goût de bouchon, faut pas pousser trop loin !
    le mardi 1er avril 2008 à 20:06, GUITOU a dit :

    Bonjour à Tous,

    Les chiffres donnés par l’initiateur de cet article sont parfaitement exacts. L’offensive menée en particulier par les pays anglo saxon a conduit à un retrait du bouchage liège même si son développement mondial continu à progresser en valeur absolue.

    Près de 15 milliards de cols étaient bouchés par du liège dans les années 95 pour ateindre près de 20 milliards aujourd’hui. Il reste donc un beau business !

    Il existe une solution qui fonctionne aujourd’hui c’est le traitement du liège par CO2 supercritique. Ce procédé industrialisé depuis 2005 garanti un bouchon dit technologique (reconstitué) sans aucun rique de contamination au TCA : TriChloroAnisol responsable de fameux goût de bouchon.

    Ce procédé est le fruit d’une collaboration entre un industriel catalan et un laboratoire de recherche public les deux en Languedoc Roussillon, du 100% français (les 3 inventeurs le sont !) avec un brevet mondial et tout le toutim !

    Cette perspective laisse entrevoir un contre efficace envers le plastique et la capsule.

    De plus, dans une optique de développement durable, ni la capsule (en aluminium) ni le bouchon de plastique (dérivé du pétrole) ne répondent correctement à ces nouvelles exigences. En effet, favoriser le liège, matériau séculaire, c’est favoriser la sylviculture du liège donc les puits de carbone pour séquestrer le CO2 responsable du réchauffement climatique.

    Autre précision à l’adresse d’un des commentaires, les chênes liège n’ont que très peu soufferts lors des derniers grands incendies au Portugal car très résistants au feu. Le problème est surtout venu de la mono culture abusive de l’eucalyptus trop abondemment développé au dépend du chêne liège d’une croissance beaucoup trop lente pour garantir une bonne rentabililité…. Par contre, l’eucalyptus s’est révélé une catastrophe car très inflamable.

    En conclusion, même si boire une bouteille d’un petit vin peut accepter le bouchage au plastique ou à l’alu, faite pression auprès de vos fournisseurs pour exiger du liège le seul matériau écologique et d’élaboration franco europeen !

    Bye

    Guitou

    PS : un lien pas mal : http://www.cepdivin.org/persos/phmargot.html

    au fait, le bouchon s’appelle DIAM et MYTIC pour le champagne

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