§ <MOIS=" 200602"><JOUR="20060210"><HEURE="2006021000"> Le New York Times s'y est pris à deux fois pour exécuter Bernard-Henri Lévy et son vertige américain. La première salve a été tirée avec verve et cruauté, en "une" de son supplément littéraire, le 29 janvier, par une figure très populaire aux Etats-Unis, Garrison Keillor, un romancier, humoriste et animateur de" Home Prairie Companion" sur la radio publique. Pour lui, American Vertigo( Grasset éd.), le récit du voyage de BHL sur les traces de Tocqueville, publié en langue anglaise avant de l'être en français, est une succession de lieux communs, qui " n'a aucune raison d'exister en anglais". Il enfonce le clou: " En plus de 300 pages, personne ne raconte une blague. Personne ne travaille vraiment. Personne ne s'assoit pour manger et apprécier sa nourriture? Vous avez vécu toute votre vie en Amérique, sans jamais aller dans une megachurch ou un bordel, vous n'avez pas d'armes, n'êtes pas amish, et il vous apparaît qu'en fait ce livre est au sujet des Français." Bernard-Henri Lévy" écrit comme un étudiant qui fait du remplissage", avec une tendance à l'abus de questions rhétoriques: " Est-ce comme ça que les Français parlent, ou réservent-ils ça aux livres sur l'Amérique?" En tant que symbole des écrivains français qui" sont courts sur les faits et longs sur les conclusions", BHL est habillé pour l'hiver. Mais le costard est taillé à la"une" du supplément, très rarement réservée à un intellectuel français.
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§ <MOIS=" 200602"><JOUR="20060209"><HEURE="2006020914"> Le New York Times s'y est pris à deux fois pour exécuter Bernard-Henri Lévy et son vertige américain. La première salve a été tirée avec verve et cruauté, en "une" de son supplément littéraire, le 29 janvier, par une figure très populaire aux Etats-Unis, Garrison Keillor, un romancier, humoriste et animateur de" Home Prairie Companion" sur la radio publique. Pour lui, American Vertigo( Grasset éd.), le récit du voyage de BHL sur les traces de Tocqueville, publié en langue anglaise avant de l'être en français, est une succession de lieux communs, qui " n'a aucune raison d'exister en anglais". Il enfonce le clou: " En plus de 300 pages, personne ne raconte une blague. Personne ne travaille vraiment. Personne ne s'assoit pour manger et apprécier sa nourriture? Vous avez vécu toute votre vie en Amérique, sans jamais aller dans une megachurch ou un bordel, vous n'avez pas d'armes, n'êtes pas amish, et il vous apparaît qu'en fait ce livre est au sujet des Français." Bernard-Henri Lévy" écrit comme un étudiant qui fait du remplissage", avec une tendance à l'abus de questions rhétoriques: " Est-ce comme ça que les Français parlent, ou réservent-ils ça aux livres sur l'Amérique?" En tant que symbole des écrivains français qui" sont courts sur les faits et longs sur les conclusions", BHL est habillé pour l'hiver. Mais le costard est taillé à la"une" du supplément, très rarement réservée à un intellectuel français. Une semaine plus tard, le quotidien a remis le couvert dans le cahier Arts, sous la plume de William Grimes, ancien chroniqueur culinaire du quotidien. Le critique reconnaît que Bernard-Henri Lévy a du cran, et "de temps en temps" une pensée éclairante et un regard acéré. Mais "il y a de nombreux moments, voyageant en voiture avec lui, où vous avez envie de lui dire de la fermer cinq minutes et de mieux regarder le paysage". Au final, il juge l'auteur "paresseux" et les chaussures de Tocqueville trop grandes pour BHL. Le Los Angeles Times, USA Today ou le Seattle Times sont également très réservés. Mais toutes les critiques ne sont pas négatives. Dans le Wall Street Journal, Harvey Mansfield, professeur à Harvard et traducteur de Tocqueville, fait un compte rendu sérieux du livre et de ses idées. Bernard-Henri Lévy"écrit brillamment, quoique de façon excentrique, sur les lieux qu'il visite et les gens qu'il rencontre", même s'il regrette qu'il ne se confronte pas davantage au livre de Tocqueville. Le professeur de sciences politiques Alan Wolfe, dans le magazine en ligne Slate, ou le rédacteur en chef de l'hebdomadaire The New Republic, Martin Peretz, prennent sa défense, tout comme le San Francisco Chronicle. "UN POPULISTE FRANCOPHOBE" Bernard-Henri Lévy en a vu d'autres : "Ces réactions sont extrêmement intéressantes. Ça fait partie de mon histoire. Ce livre est fait pour susciter la controverse. J'espérais une situation où la presse serait partagée, y compris avec des critiques violentes." Il se dit même "ravi" de la charge de Garrison Keillor : "J'ai cherché en vain pendant tout mon voyage un populiste francophobe. Et je viens d'avoir l'espèce la plus aboutie." "C'était intéressant de demander à Garrison Keillor, connu pour ses écrits sur la vie ordinaire des Américains, d'évaluer le jugement d'un étranger qui vient pour observer notre culture, explique le rédacteur en chef de la Book Review, Sam Tanenhaus. C'est un très bon écrivain qui a écrit un article drôle sur un auteur qui suscite l'intérêt ici, que l'on voit à la télévision, et sur un livre qui est assez important et fort à propos." BHL compte dans une lettre en réponse au New York Times provoquer en duel verbal Garrison Keillor "sur le terrain de son choix" : l'American Prairie contre Saint-Germain-des-Prés.
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